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Entre littérature et engagement social, Djedly François Joseph fraie son chemin

 
Djedly François Joseph, né à Cap-Haitien, est opérateur culturel, journaliste, et poète à des heures perdues. Fondateur de «Entre Les Pages» (ELP), une organisation à but non lucratif et membre de Young Leaders English Community (YLEC). Il est actuellement ambassadeur Nouveaux Horizons pour la promotion de la culture et de la littérature dans le monde.
 
Enfance
Né à Cap Haïtien le 12 juin 1995, Djedly a grandi entre amour et fragilité. Issu d’une famille de 5 enfants, à 15 ans, il allait perdre sa mère. Djedly devait vivre avec un lourd fardeau après la mort de celle-ci. Puisqu'il estime qu’il pouvait tout manquer à l’époque sauf la joie de celle qui l’a porté au ventre pendant neuf mois. Ce qui fait que son enfance et son adolescence lui rattrapent toujours. Si l’on dit souvent que l’âge amène la raison, Djedly croit pourtant que parfois «la précarité ne nous laisse pas le luxe de rester enfant» et pour cela il évoque D-fi Powèt Revòlte, un rappeur qu’il adore, qui estime que «La raison peut venir avant l’âge».
 
Ce qu’il pense de lui
À lui questionner sur sa personnalité, il répondra «Je me vois d'abord comme une idée. C'est ce que j'ai toujours voulu être. Je voulais représenter quelque chose, pas une sorte de mégalomanie mais une inspiration pour les jeunes de ma génération et celles à venir.» a-t-il déclaré comme pour commencer de parler de lui. «Il fallait avoir une idée générale des choses. Alors, j'ai commencé par la lecture, sous la lueur d'une lampe à gaz bien que mon père craignait que je devienne aveugle.» poursuit l’étudiant en Science Politique au Campus Henry Christophe de Limonade.
 
Scolarité
Après avoir fait ses études primaires au Centre de Formation Chrétienne de Petite-Anse, Djedly allait faire ses premiers pas de jeune brillant au Collège Notre Dame du Cap-Haïtien. Prestigieuse école où tout ce qui importait à l’époque était la moyenne, le français et ce qu’on porte comme vêtements. Djedly avait l’impression d’être perdu dans une jungle. «Il y avait les riches, les moins riches et ceux qui s'efforçaient de ressembler aux riches.» a déclaré l’animateur de la Radio Télé Mix de Cap-Haïtien. Tout cela était embarrassant pour Djedly qui était en proie à une certaine précarité économique. Son père a voulu, malgré tout, qu’il excelle. Il a fait de son mieux. Mais Djedly n’aimait pas vraiment l’ambiance du Collège Notre Dame, contrairement à son ancienne école. Comme bon nombre d’écoles en Haïti donnant une éducation qui n’est pas compatible aux Haïtiens, « c’est une école réputée mais bourrée de complexes.» a-t-il soutenu. Toutefois Djedly y a vécu entre le théâtre, la fanfare et le sport qui ont sans doute eu des influences sur sa personnalité.
 
Premières lectures
l n’avait que 16 ans quand il s’est orienté vers la lecture et lisait tout ce qui lui passe sous les yeux. Que ce soit chez lui ou au Collège Notre Dame «Je lisais tout ce que je trouvais dans la petite bibliothèque de mon père ou celle de mon école, le Collège Notre Dame (Cap-Haitien) mais surtout des ouvrages d'Histoire, de Géographie, de vodou, des romans haïtiens et ceux qui parlaient des œuvres de Montaigne, de Rabelais.» Si Djedly s’est penché d’abord sur la lecture des ouvrages d’histoire, de géographie et de critique littéraire, il est néanmoins un homme habité par la poésie, il utilise souvent des vers pour illustrer ses propos et aussi d’autres qu’ils trouvent extraordinaires ou qui l’ont marqué «Je n'oublierai jamais l'Ode à Cassandre de Ronsard dont les vers me hantent encore : Mignonne, allons voir si la rose / Qui ce matin avait déclose.» dit-il. Djedly est un passionné de littérature et fait partie de ceux qui ont besoin de poésie pour parfaire leur existence. Et comme l’a si bien dit Fernando Pessoa, «la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas».
 
L’Origine de son amour pour la littérature
Djedly avoue que son amour pour la littérature vient des femmes. «Je suis reconnaissant d'avoir eu la chance de rencontrer des filles, amies et copines, qui aimaient l'art en général.» se souvient-il. «Elles partageaient avec moi leur goût pour la musique, les livres, le cinéma et même le théâtre.» poursuit le fondateur de l’association culturelle Entre Les Pages. Il faut tout aussi noter que Djedly avait déjà un désir poussé vers l’écrit.  D’un autre côté, il y avait sa tante et sa sœur qui aimaient lire et qui laissaient, d’habitude, traîner des bouquins à la maison. Ensuite il allait côtoyer des professeurs de littérature en secondaire et à l'Université qui allaient aiguiser sa passion pour la lecture.
 
Goûts littéraires
Djedly a une admiration particulière pour Dany Laferrière. Que ce soit dans des articles sur la littérature, la poésie, dans des dialogues de tous les jours, Djedly ne rate jamais l’occasion d’évoquer l’auteur de «Je suis fou de Vava», qu’il considère comme l’écrivain qui l’a le plus marqué. Écrivain qu’il a découvert grâce à un ami qui lui a prêté son livre «Le cri des oiseaux fous» qu’il avoue ne jamais cesser de lire «Je prends toujours plaisir de le relire. Dany m'a aidé à former mon caractère. Il m'a appris à insuffler mon émotion à travers mon écrit. Mais surtout il m'a appris à devenir un lecteur, voilà le plus important. Il nous amène vers d'autres horizons quand il parle de Hemingway, Basho, Borges, Gogol, Boukovski et autres.» ce qui n’empêche pas que Djedly adore Jacques Roumain ou Jacques Stephen Alexis pour leur profond humanisme et un tas d’autres écrivains comme Makenzy Orcel qu’il dit lire pour se défaire de sa fatigue et rire un peu. Selon lui l’auteur de «Les Immortelles» est d’une «insolence poétique» forte et originale. «Makenzy écrit avec une facilité et l'esthétique qui s'y dégage frise pas l'arrogance...» estime-t-il.
 
Projets à venir
Actuellement, Djedly est partagé entre l'Université, des projets communautaires et des petits boulots. En 2017 avec d’autres camarades de l’Université, il avait fondé «Entre Les Pages» (ELP), une organisation qui s'investit dans l'éducation, le social et le culturel, dans le but de partager et valoriser la pensée. ELP donne la parole aux jeunes du Cap Haïtien et d’horizons divers à travers un blog et une émission radiophonique du même nom. En termes de projets à venir, Djedly compte surtout poursuivre ses études et publier des livres qui traînent trop longtemps dans son tiroir. Djedly est un nom qu’il faut retenir. On ne peut que lui souhaiter bon succès dans ses aventures les unes plus prometteuses que les autres.
 
Joubert Joseph

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