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« Aba Kanaval », des jeunes boudent le carnaval à Cap-Haïtien


Le thème retenu pour le carnaval cette année est: Ayiti sou wout chanjman / Haïti, sur la voie du changement (développement). Serait-ce purement et simplement un mensonge puisque l'artiste Roosevelt SAILLANT dit BIC n'entend pas de la même oreille? Selon lui, Haïti serait plutôt sur la mauvaise voie / Ayiti Sou wout li pa dwe ye. Le carnaval apparait lors d'un climat bouleversé par l'expression ShitHole, « Trou de merde » de Donald Trump. En plus des Gonaïviens, Jacméliens à l'égard des propos grivois de l'ex-président Rose, des jeunes capois témoignent leur insatisfaction. Une affiche, suivie de publications contestataires sur les réseaux sociaux, est sortie ce dimanche sur laquelle est écrit clairement: ABA KANAVAL / Nou pa vè, nou pap gouye sou fatra.


Depuis tantôt la ville du Cap-Haïtien sombre sous des montagnes de fatras, retrouvées à chaque coin de rue et c'est à peine si on ne marche pas sur des matières puantes. Cela n'empêche pas que le comité du carnaval soit formé, sans souci aucun, et soit installé. Plusieurs jeunes dont Anderson PIERRE, originaire de ladite ville, sont montés aux créneaux pour tout dénoncer. Il a publié ceci sur son mur Facebook pour dire sans ambages ce qu'il pense vraiment:
Questionné sur sa prise de position, il nous répond ainsi: En ce qui me concerne, il est clair que le carnaval est une manifestation culturelle qui est ancrée dans notre société. Ils (elles) sont nombreux-ses à ne pas négliger une telle activité chaque année. Mais faut savoir fixer les priorités. Voulons-nous trois jours gras et des dimanches de carnaval, des disc-jockeys pour se déhancher ou opterions-nous pour un environnement sain pour notre vie? Il ne suffit pas de faire un geste symbolique. Une forte somme d'argent sera déboursée rien que pour les préparatifs et la réalisation du carnaval, alors pourquoi ne pas la consacrer à la réhabilitation de notre environnement et assainir des villes qui symbolisent presque la honte pour ceux qui y vivent? C'est un constat évident. On a du mal à gérer le fatras. Il faut qu'on choisisse entre le carnaval ou changer l'image que l'étranger a de nous et rien nous empêche de commencer cette année, vu les récentes déclarations de l'actuel président américain.

Mickylove MOCOMBE, étudiant en sociologie, nous dit clairement à propos du carnaval qu'il joue le rôle de divertissement pour le peuple qui veut chasser le stress en se déhanchant. La seule chose qu'il puisse bénéficier réellement. Il sera aussi la seule victime par la suite. Une manifestation culturelle pour piller, voler davantage et faire profiter les nègres d'en-haut (bourgeois). Le peuple joue le rôle de prétexte. Mon recul s'explique par souci de dire que je suis aux antipodes, contre le carnaval mais aussi pour dire que c'est honteux d'utiliser le peuple ainsi au milieu du fatras. Haïti es puante et ils nous invitent à danser rien que pour leur profit. On se tortille alors comme des vers sur les montagnes de détritus pour qu’ensuite les bourgeois chenapans nous pillent davantage.

Le poète Carlynx ELBEAU, réputé pour ses beaux poèmes et ses textes subversifs sur les réseaux sociaux, n'entend pas nier le coté bénéfique du carnaval: Le carnaval, d'une part, est réputé pour ses multiples aspects culturels via la musique et les danses. Une époque où l'argent circule beaucoup plus la diaspora, aussi des touristes, en profite pour rentrer aux bercails. Ceci aide l'économie. D'autre part, le carnaval est un instrument de diversion, c'est-à-dire une manière de détourner l'attention du peuple des problèmes rongeant la société haïtienne. De ce fait, on n'en profite pas mieux.

Facebook, vaste plateforme d'expression, joue souvent un rôle important dans pareil cas. Junior MESAMOURS y a posté ceci: Kanaval nou bèl, peyi nou lèd. Nou gen lajan pou n banboche. Men nou pa gen pou n fè pwòpte / Notre carnaval est beau mais le pays est laid. Nous avons l'argent pour fêter mais aucun pour la propreté. L'insalubrité est au cœur du débat.

Nous avons aussi questionné Derisma SMITH, opérateur culturel et étudiant finissant en Psychologie, et il nous a éclaircis sur le point: L'organisation de toute grande manifestation culturelle exige au moins un an de préparation même quand on est expérimenté dans le domaine. Mais chez nous, on fonctionne à l'improviste. Faudrait qu'on fasse le bilan sur les quinze dernières années depuis qu'on organise le carnaval. Quelles en sont les retombées économiques au profit du pays? S'il y a amélioration aucune, il faudrait qu'on arrête un moment et qu'on prenne le temps de tout revoir.

Il faut noter qu'on commence à prendre des mesures drastiques contre ceux-celles pour leur écart de langage, tel était le cas du Dj Steezy et BMix. D'autres se demandent que fera t-on contre les obscénités proférées par l'ancien président Tèt Kale, Michel Martelly? Se sou bannann mi dan pouri gen fòs, disent certains internautes.

Auteur: Djedly Francois JOSEPH

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