
Cette jeune
femme, vêtue d’un décolleté rouge et d’un pantalon noir qui nous accueille avec
un sourire peu satisfaisant et laissant apparaître un léger brin de timidité sous
un parasol rouge, sous lequel dégage une chaleur torride,répond au nom de Junia
JOACINE. La trame de son histoire a débuté à Cap-Haïtien, sa ville d’origine,
mais une histoire qui s’avère peu reluisante, chemin faisant.Port-au-Prince,
souvent vu comme dernier recours,cette ville qui niche en son sein la majorité
des facultés de l’UEH, accueille aussi celui ou celle qui a presque tout tenté.
Une fois de plus, Port-au-Prince a ouvert ses bras à Junia après ses
différents échecs aux examens officiels de la 9ème année fondamentale. «J'ai fini
par abandonner»,nous lance-t-elle toute hésitante. La Capitale a aussi vu
naître et grandir sa fille abandonnée par un père peu soucieux de son avenir,
avant que la mère fasse son grand retour à Cap-Haïtien. Retour dû à cause de la
maladie de sa petite.
Néanmoins,
elle doit poursuivre sa petite histoire de jeune femme détaillante commencée à
Port-au-Prince. « Tout est parti d’une somme modique de 450 gourdes pour
lancer mon commerce de sucreries », avoue t-elle. Interrogée sur la
possibilité d’avoir eu de supports provenant de sa famille ou de ses amis, elle
répond laconiquement «NON».Coupée de tout contact avec le père de sa fille,
elle est obligée de se saigner à blanc pour assurer sa survie, également celle
de sa fille. Âgée de seulement trois ans, cette petite privée des soins de son
père, ira peut-être à l'école en septembre. «Bien que je ne possède pas grand
chose, je pense pouvoir me démêler pour l'envoyer à l'école en septembre
prochain», nous dit-elle avec la détermination des mères haïtiennes que nous
admirons tant.
A première
vue, on remarque l’étalage des sucreries sur un grand van, un petit réchaud à
gaz servant à frire des œufs et des boissons dans un modeste récipient qui aide
à les garder au frais. Hormis les sucreries, elle est obligée de tout acheter à
crédit : « il n'y a que les sucreries que j'achète avec de l'argent en main.
Pour le reste, ça se fait à crédit. Et chaque fin de semaine, je m'efforce de
tout rembourser ». Junia ne semble pas
satisfaite mais elle se contente pour le moment de son activité qui l’aidera
peut-être à payer les frais d'écolage de sa fille tout en nourrissant
l’ambition de créer un business plus florissant.
« Tout
le monde doit avoir sa place dans la société. Je ne suis ni médecin, ni
infirmière mais moi aussi j’ai ma place »tels ont été les propos de
Junia sur la brutalité des agents de la mairie qui sont chargés de déloger des
gens comme elle dans les rues.
Auteur :
Djedly François JOSEPH
Email :
djedlyfrancois@gmail.com
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