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Davertige, poète aux milles et une vertiges

Davertige: Un séisme. Ainsi qu'Alain BOUSQUET a titré la préface à la seconde édition (Paris, Seghers, 1964) du fameux et unique livre du poète titré, Idem. Il est annoncé par un prologue qui dit beaucoup sur l'auteur et sur l'œuvre. L'auteur lui-même n'attend pas qu'on arrive à la hauteur du poème pour laisser se découvrir. Il dit tout ou presque. "Idem mon premier testament mon ciel brisé". Il ne ment pas. C'est l'homme aux milles et une vertiges qui le dit, Davertige.








Idem est une plaquette qui présente l'auteur et sa vie, simple pour certains et complexe pour d'autres. L'un de ses compagnons d'armes (poésie), Serge LEGAGNEUR, nous parle de ce livre  dans la préface à la première édition (Port-au-prince, 1962) en ces termes: Idem! C'est le cocktail de la résurrection et du suicide ; l'amour y couche avec la mort, dans notre conscience...La poésie est négation avec Davertige. Il refute. Il veut, il réclame justice. Il défend l'indivudu contre l'oppression. Lui qui fait bande avec René Philoctète, Serge LEGAGNEUR et forment ensemble Haïti-Littéraire.
Davertige, « Papillon étourdi », celui qui, sa vie à cette heure descend comme la rivière...dans les profondeurs de l'angoisse alla jusqu'à vendre sa voiture, une jeep Willis pour publier Idem le 7 janvier 1962, s'appelle Villard DENIS.

Il ne démord pas de son passé. Idem Idem mon passé plus fidèle qu'un chien. On retrouve des traces de Saint-Aude empreint de surréalisme, instable et mythique qu'on le disait. Davertige, serait-il une survivance du courant ravageur, porteur de liberté, le surréalisme? Il se livre sans une once de secret caché quelque part: Je me repais de flamme au seuil de ma faim (Ma faim et mes flammes). Il ne raconte pas que sa vie mais aussi la nôtre, qui est aussi lamentable et risquée: Idem notre vie la face tournée vers le vertige des rêves. On se demande pourquoi un tel titre, Idem? L'auteur cherchait-il une réflexivité ou voyait-il sa vie à travers celle de la société et inversement? On ne peut nier son attachement pour sa terre natale bien qu'il ne voie aucun mal de toucher à l'exotique, ne serait-ce que par "besoin d'oxygène".

On pourrait prétendre qu'un livre suffisait à Davertige pour tout dire, tout cracher. Le sens de la mesure? Il va au fond des choses pour témoigner son dégoût et les mettre à nu. Il vit un temps dont le tableau est funeste, le décor sombre. A t-il déjà vécu notre temps ou serait-ce un dédoublement ironique d'une époque, celle des cannibales modernes: Ils n'ont jamais aimé sinon le sang du meurtreEt nous errons toujours comme des voitures sans frein. Serait-ce un poète prophétique, Davertige? Personne ne peut imposer le silence à la vérité. Elle est dite vérité parce qu'elle nous dérange. Davertige évoque tristement ce drame: Poètes le visage inscrit sur la porte de la mort pour n'avoir pas invoqué le silence. La mort, aurait-il ce pouvoir ne nous mettre sous silence? On fait d'elle le sort de tous ceux et de toutes celles qui ne savent pas se taire.

La poésie de Davertige hante. Elle nous intime cet ordre: Arrêtez-vous devant ma lampe! Car nos mains ont besoin d'écume et de sève, écrit-il. Elle (sa poésie) a cette insolence inimaginable, héritage surement de sa vie de bohème, pour nous dresser face à l'imprévisible: Une putain a le sexe pur de la tornade. Comment voit-il l'amour? A t-il une façon unique de le voir? Et voilà ce qu'il en dit: L'amour entre et sort et fait de nous un lac sanguinolent.

Le lecteur qu'il était a fait place à Rimbeau, Césaire, Apollinaire et à son compagnon Breton, entre autres, dans son chef-d'œuvre. Il est aussi connu pour ses deux poèmes dont l'un "Pétion-Ville en noir et blanc": témoignage de son séjour forcé chez une lavandière: Je m'en souviens je m'en souviens / C'était la cendre à ses cheveux roux-d ‘or et l'autre Omabarigore: célèbre poème dont quelques vers ne nous laisseront pas indifférent: Omabarigore la ville que j'ai créée pour toi / En prenant la mer dans mes bras / Et les paysages autour de ma tête....Chaque musicien a tes sens comme instrument...Omabarigore où sonnent / toutes les cloches de l'amour et de la vie.
Majestueusement il s'en va mais habitera pour toujours notre cœur avec ces mots: Je me connais Davertige de tous les vertiges des siècles.

Auteur: Djedly François JOSEPH

Email: djedlyfrancois@gmail.com

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