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Haïti danse sur la pointe des pieds



Rubrique au-delà des murs

Toi, femme de cette terre de feu, Haïti, dis-moi quelle danse as-tu exécutée ?  La Sarabande. Non, le Yanvalou. Ta jupe, moule des désillusions, a-t-elle balayé les grains d’amertume dans le cœur et revigoré les membres ? Tes pieds ont-ils tonné le cœur de la terre ? Tes yeux ont-ils vu naitre la liberté ? Djedly F. JOSEPH

La danse occupe une place essentielle dans notre imaginaire, notre histoire même, jusqu'à dire que notre corps, voire notre âme est liée au moindre retentissement du tambour. Notre indépendance porte l'empreinte de la cérémonie Bois-Caïman car il fallait danser en exécutant d'autres rituels. Ce fut une lutte pour s'affranchir mais aussi une danse pour marquer cette terre du sceau de la liberté. Abandonnons toute cette gymnastique intellectuelle, bien que ce soit nécessaire à un moment donné, pour se demander aujourd'hui quelle danse sommes-nous en train de danser? D'autres, plus catégoriques, diraient d'arrêter de danser. Doit-on s'arrêter ou peut-on le faire? Moyen de mettre fin à notre vertige car force de danser sans repères on perd l'équilibre. Faut-il s'en remettre à la fameuse expression " Bon Dieu Bon" qui tend plutôt à tourner en croyance?
Haïti danse, nul doute. Son marché brûle mais elle danse. Ses universités fonctionnant mal, faisant objet à des tentatives de militarisation, ou de politisation, cela ne l'empêche pas de danser. Petro, au sens figuré comme au sens propre du terme, Yanvalou dos bas, peu importe, pourvu qu'elle bouge les reins, la tête et autres, jusqu'à tomber en syncope et elle n'est pas loin d'y arriver. La certitude y est mais la seule inquiétude est comment est-ce qu'elle danse? On n’a pas l'air de bien savoir ou de voir: Elle danse sur la pointe des pieds. Manière de dire qu'elle se tient pas bien. Elle joue avec le feu. Elle n'a même pas les ressources et techniques de s'y échapper. Ce n'est la première fois, peut-être pas la dernière, pourtant. Les services de pompier sont visiblement mal équipés. Haïti, la danseuse, ne fait guère attention, peut-être qu'elle pourrait se tortiller la cheville. Elle ne danse pas le ballet, c'est sûr, ne portant pas les chaussures appropriées.
Enfin, parlant de notre peuple, Price Mars eut à écrire ceci: Nous sommes « un peuple qui chante et qui souffre, qui peine et qui rit, un peuple qui rit, qui danse et se résigne [...]. Il chante la joie au cœur, ou les larmes aux yeux;"

Crédit Photo: LGF

Auteur: Djedly François JOSEPH

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