+(509) 4786 3169

+(509) 4786 3746

Pourquoi lire Dany? Carlyle Adrien répond



No 2

Dany ne nous livre pas peut-être une littérature de la facture d'Un Jacques Stephen Alexis. Mais il est quelqu'un qui choque par certaines vérités qu'il expose dans ses livres. Il essaie d'une certaine manière de nous désenchanter aussi. Il produit une sorte d'histoire immédiate, une vision des choses qui, pour moi, a de la valeur. Lire Dany, c'est pour tout ça. Il dit carrément que s'il était resté en Haïti, il ne serait peut-être pas écrivain. Il nous met face à nos échecs successifs sur le plan interne. Il est difficilement possible d'exploiter réellement notre talent en Haïti. Il faut rappeler que Dany s'est sauvé parce que son ami Gasner a été retrouvé mort au niveau de Léôgane sous le régime des Duvalier. Il n'a jamais connu son père de sa jeunesse et ne garde qu'un souvenir flou de ce dernier, lui aussi a pris l'exil pour échapper aux sbires de Papa Doc. Dany ne s'appelait pas Dany, il portait le nom de son père Winsdor Klebert. Il a dû changer de prénom pour ne pas subir le même sort que son père. Aller en prison ou mourir. C'était ainsi avec les Duvaliers.

Donc, ce sont des choses qui nous invitent à réfléchir sur ce que la politique a fait de notre pays. Et lire Dany aujourd'hui, c'est réfléchir pour dire quelle place donner à la diaspora qui fait la renommée d'Haïti à l'extérieur.

ELP: Trois (3) Choses que vous aimez chez Dany.

CA: Moi, j'aime le personnage qui choque. Lors de la reconstruction de la bibliothèque de Petit-Goâve, détruite par le tremblement de terre, certains n'ont pas voulu qu'elle porte son nom, et il a dit: " J'ai fait mieux pour Petit-Goâve. J'ai pas donné une bibliothèque à Petit-Goâve, j'ai fait entrer Petit-Goâve dans une bibliothèque ". Une façon à lui de dire que les livres qu'il a écrits et qui se trouvent sur les rayons des grandes librairies et bibliothèques du monde entier, y figurent Petit-Goâve. J'aime son franc-parler. Deuxièmement, j'aime son écrit. Je veux dire sa façon d'écrire. Il banalisait un peu l'acte d'écrire. Des formules simples et claires mais qui ont de la valeur. J'apprécie qu'il parle aussi de ma ville (rire).

ELP: Dany à l'Académie francaise, ça vous dit quoi?

CA: Ben cela me dit rien personnellement. Mais du point de vue symbolique, cela traduit bien quelque chose. Pour un peuple anciennement colonisé comme le nôtre, afro descendant, c'est peut-être une revanche de l'histoire. Un poids historique. Mais la langue, c'sst nous autres qui la font au jour le jour. De même le créole que nous devons enrichir. La présence de Dany est à la fois ce retournement historique important qui se fait, nous allons d'ailleurs vers un monde beaucoup plus métissé. Je dois aussi dire le symbolisme de son épée marquée par le vèvè de Legba, une importance capitale pour notre culture. Enfin. Lire Dany, c'est tant mieux pour nous autres.


Propos recueillis par Djedly François JOSEPH

« Dany Laferrière, un auteur particulier » : Carlyle Adrien raconte ses aventures



N0 1

Carlyle Adrien est sociologue de formation, professeur à l’université d’Etat d’Haïti. Il est avant tout lecteur. Originaire de Petit-Goâve, tout comme l’invité d’honneur à livres en folie cette année, l’immortel Dany Laferrière. Notre équipe le rencontre pour un entretien exclusif à l’occasion de la rubrique « auteur du mois ». Il est épris d’un sentiment de joie. Il nous livre sa grande aventure dont nous offrons ici une partie.
  
J’ai eu la chance de rencontrer Dany à la bibliothèque municipale de Petit-Goâve, en 2004, commence-t-il par raconter. J’étais en philo. Jeune adolescent, j’ai été amené à lire son texte phare presque d’un trait : Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. J’avais la possibilité d’emprunter d’autres de ses ouvrages. A ce moment là, j’ai su qu’il a été l’ami de mon père. Un intérêt de plus à lire Dany. 

Lire Dany a été une expérience particulière parce qu’il ne fait pas dans la fiction. C’est un auteur qui prend la réalité quotidienne, un cadre spatial que certains peuvent déjà vivre ou connaitre très bien. Il en donne des anecdotes. Quand il parle de certains endroits en lien avec Petit-Goâve dans L’Odeur du café, je me sens vraiment concerné. Je connais ces lieux. A partir de ses descriptions, j’ai pu voir l’évolution. Par exemple celles de la Rue Lamarre. De la caserne. J’essaie de voir les différences entre l’enfance de Dany et la mienne. En ce sens, il est un auteur particulier.

Ensuite, j’ai suivi Dany à Port-au-Prince dans Le gout des jeunes filles, ou encore à Montréal. Bref, je l’ai beaucoup lu. C’est un voyage assez exceptionnel. J’ai aussi vite compris qu’on n’a pas besoin de passer par des formules extraordinaires pour raconter des choses extraordinaires. Son écriture est simple mais ce qu’il raconte est profond. C’est ce qui fait toute la splendeur de son œuvre.


Mes ouvrages préférés restent Le charme des après-midi sans fin et l’Odeur du café dont le cadre est ma ville natale. Mais j’ai eu une expérience extrêmement particulière avec Tout bouge autour de moi. Un petit texte produit à l’occasion du séisme de 2010. Il a voulu offrir une autre Haïti que celle qu’on offrait à la télé, sur internet. Certes, le pays était meurtri mais il y a eu cette envie de vivre, Il y a cette marchande de fruits qui sort le lendemain du 12 janvier malgré l’apocalypse autour d’elle ou encore cette enfant qui demande à sa mère le soir du tremblement de terre est-ce que demain il y aura école ? 

Ce sont des expériences qui nous montrent la résilience du peuple haïtien, son courage. Il a voulu aussi nous dire que ce peuple que vous voyez là n’est pas que ҫa, que nous pouvons nous relever. D’ailleurs il le dit et le croit : « C’est par la culture que nous pouvons nous relever ». 

Il a fait savoir au monde entier qu’Haïti n’est pas seulement ce tas de cadavres, cette masse de décombre, cette désolation, cette misère atroce. Il y a aussi cette culture, cette langue extrêmement imagée, cette capacité à rire du malheur, à en faire un objet de rire. Rappelez vous de la chanson « Anba dekonb ». Voyez encore la figure emblématique de Da dans ses romans, sa grand-mère, qui fait penser à Délira Délivrance dans Gouverneurs de la Rosée de Roumain, c’est l’image type de la femme haïtienne qui vit les déboires quotidiens, qui affronte les vicissitudes de la vie. Donc, ce sont nos mères, nos grands-mères. 

Donc pour moi, Dany est ce passeur d’expériences. C’est quelqu’un qui a la capacité de voir au-delà de ce que nous donne à voir la réalité quotidienne.

Propos recueillis par Djedly François JOSEPH

La Semaine du Cerveau : « une opportunité pour réfléchir sur le cerveau en Haïti. »







À l'occasion de la semaine du cerveau qui est à sa 21e édition cette année, Neuro-CHC-UEH-L a offert à plus de 200 étudiants, l’opportunité de participer à un voyage passionnant dans cet organe remarquable qu’est le cerveau.

Grande première pour le Cap-Haïtien ! La semaine du cerveau a bel et bien eu lieu dans le Nord du pays. Depuis plus de vingt ans, cette manifestation scientifique internationale au succès grandissant continue de fasciner les universitaires du monde entier. Elle est organisée chaque année au mois de mars depuis 1998, dans une centaine de pays et a pour but de sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche sur le cerveau. C’est un événement grandiose ayant une dimension nationale et internationale. L’an dernier, en 2018, plus de 60 000 jeunes ont participé à la semaine du cerveau à travers le monde. Cette année, Neuro CHC-UEH-L, un groupe de jeunes étudiants et étudiantes au Campus Henry Christophe de Limonade, particulièrement dans les filières de Médecine, de Psychologie et de Psychoéducation, ont ardemment travaillé pour la réalisation de cette activité. Durant 3 jours, du 13 au 15 mars 2019, au travers de conférences, débats, de formations, expositions, et ateliers dans trois villes : Cap-Haïtien, Limonade et Trou-Du-Nord, cette 21e édition internationale vient de naître sur le sol haïtien.

Pour les deux premiers jours de l’évènement, les 13 et 14 mars, près d’une quarantaine d’étudiants déployés dans les trois villes, ont animé une série de formations aux élèves du nouveau secondaire, spécialement ceux des secondaires III et IV dans 11 établissements. Ces formations avaient pour but de faire connaître aux élèves les principales structures du système nerveux notamment le cerveau, leur faire comprendre comment fonctionne le système nerveux, et établir les rapports du cerveau avec la nourriture, la musique, l’alcool et l’apprentissage.

Le 15 mars, jour de clôture de la semaine du cerveau, l’auditorium du Campus Henry Christophe de Limonade était bondé de professeurs et de jeunes étudiants venant de différentes universités du Cap. Le Doyen de la faculté de Médecine, Dr Michel Pierre et le Vice-Président du Conseil de Gestion du campus, Mr Hérissé Guirand ont prononcé leur discours de circonstance juste après celui de la coordonnatrice de l’activité, Rose-Berly Saint-Hubert. Ces premiers intervenants ont démontré l’importance d’une telle initiative pour le pays et pour le Campus en particulier. Puis, ce fut au tour des séries de conférences et débats-scientifiques sur le cerveau. D’entrée de jeu, le Neurochirurgien Bernard Pierre, M.D, a intervenu sur le thème : « Cerveau et cognition : Conséquences des traumatismes crâniens sur l’intelligence ». Fort souvent, les chocs à la tête causent des dommages à la longue sur notre cerveau que nous redoutons. Mr Bernard a largement exposé sur les controverses d’un tel phénomène par rapport à l’intelligence. Ensuite, le neuropsychologue Michel Pierre, M.D, a fait ressortir les conséquences de la sous-alimentation sur notre cerveau autour du thème : « Cerveau et Nutrition : Manger pour son cerveau et booster sa performance. » L’intérêt et les inquiétudes des participants vis-à-vis de cette problématique étaient évidents.
Quoiqu’Haïti ne favorise pas encore la recherche sur le cerveau en milieu universitaire, quelques avancées scientifiques en neurosciences ont été présentées par Francisco Derose, vice-coordinateur de la Semaine du Cerveau lors d’une courte pause. Puis, Alexandra Marty-Chevreuil, M. SC, Psychologue clinicienne et Psychopathologue a intervenu sur la question de la dépression et comment la vaincre. Elle a démontré qu’il n’y a pas d’âge exact pour la dépression et que l’aspect créatif des haïtiens constitue un atout considérable contre la dépression. De ce fait, il devient important d’encourager le développement de l’art thérapie davantage. Le psychologue communautaire et gestionnaire culturel, Guesly Michel, a clôturé la série de conférences en démontrant le rôle du cerveau dans le processus de créativité, de l’innovation et de l’entrepreneuriat.

Dans la seconde partie de la journée, des séances d’ateliers dans différentes salles ont été tenues sur le cerveau par rapport à la danse, l’ordinateur, environnement, la musique, le cœur et Dieu. Pour ce faire, les participants ont reçu les supports des personnalités comme Jean Denis Emile Pierre, danseur professionnel, James Ciceron, psychologue social, Enoch Firmin, maestro de musique, Wander Numa, Ph.d, thérapeute familial, et Sénèque Edmond, Ph.d, théologien. Puis, comme pour pousser à bout les émotions, les initiateurs ont organisé une exposition des organes du cerveau humain où les participants pouvaient voir et toucher le cerveau tout en posant des questions que leur répondaient des étudiants en médecine. L’échange fut très conviviale et l’expérience amusante.

La partie scientifique de la Semaine du Cerveau s’est donc clôturée avec la remise de certificats aux formateurs par la coordonnatrice et le directeur aux affaires académiques, le Dr Claudel Noel. Une partie culturelle animée par les étudiants de la Faculté des Beaux-Arts a permis d’achever cette première expérience hautement enrichissante dans un climat réjouissant. La Semaine du Cerveau peut donc être inscrit désormais comme une tradition au Campus Henry Christophe de Limonade car Neuro-CHC-UEH-L a déjà donné rendez-vous pour l’année prochaine.

Auteur : Jean Reynald Saint-Hubert

Ma première fois





« Ce sera facile. Ce sera comme un nouveau baptême.

- Facile tu dis?

- Oui très facile. Crois-moi. Tu n'auras juste qu'à te retenir pour ne pas déverser ton lait trop tôt.

- Ce serait trop la honte.

- Tu l'as dit. Trop la honte.

- Et que dois-je faire pour empêcher cela?

- Je te conseille de boire un bon coup quelques minutes avant de t'y mettre. Et surtout, vide ton esprit ou pense à ta grand-mère au moment de passer à l'acte.

- Quoi? Mais ma grand-mère est morte.

- Alors pense à ta mère. Je ne sais pas, quoi! Trouve-toi quelque chose qui te fera oublier ce que tu es en train de faire.»



Telle était la dernière conversation que j'ai eue avec mon ami Roger, la veille de ce jour de dépucelage. J'ai avalé chacune de ses paroles comme le font les fidèles pour le sermon des prédicateurs. Jusqu'ici j'avais suivi à la lettre tout ce qu'il m'avait conseillé. Roger est mon meilleur ami. Je crois même que c'est le seul. Il m'avait prêté sa chambre pour tout l'après-midi. Son père ne rentrerait que dans trois ou quatre heures et sa mère n'était plus de ce monde. Mes parents, eux, étaient constamment à la maison. Je ne pouvais pas le faire chez moi. La chambre de Roger était parfaite. Pas trop grande ni trop petite; pas trop éclairée ni trop sombre. L'endroit parfait pour mon initiation. L'intérieur avait une odeur d'eau de Cologne que sans doute mon ami avait répandu dans l'air avant de partir. Le lit était assez confortable. La fenêtre située du côté gauche de celui-ci était faiblement ajourée à cause du rideau de soie brune qui gardait son ouverture. À mesure que l'heure du rendez-vous approchait, le tremblement de mes mains s'intensifiait. J'attendais l'arrivée de Bianca, celle qui allait m'ouvrir les portes du monde de la luxure.

Étais-je impatient? Je ne pourrais le dire. Mais il y avait ce douloureux paradoxe qui m'empêchait d'avoir les idées claires: d'un côté je voulais en finir avec cette histoire de puceau; et de l'autre, faire taire une bonne fois pour toute, mon angoisse depuis que j'ai programmé cette rencontre. Ainsi, si elle n'était pas venue, cela m'aurait arrangé d'une façon ou d'une autre, comme ça je pourrais bien me justifier auprès de Roger. Je m'aventurais en terrain inconnu; je ne voulais pas me mettre dans une situation gênante si jamais je commettais une quelconque maladresse. Je me suis mis à me questionner: «Que ferais-je si je déversais mon trop plein en quelques minutes voire quelques secondes? Je priais pour que les méthodes de mon ami fonctionne. Et si elle tombait enceinte? Non. J'ai des préservatifs; j'en avais apporté quatre. Alors, si je la blessais par manque d'adresse? Elle était vierge; du moins c'est ce qu'elle m'a dit.» Il ne fallait jamais les croire sur parole avant d'avoir son épée dans leur petit fourreau, selon mon ami. Il m'avait enseigné tout un tas de préliminaires à respecter scrupuleusement si je ne voulais pas transformer son lit en table de boucherie ou sa chambre en scène de crime tout droit sorti d'un film d'horreur. Tout cela me faisait ronger les ongles. Perdu dans mes pensées, le regard rivé à la fenêtre, j'attendais. Je laissais le tic-tac d'une ancienne horloge me rappeler que je vivais encore, que le temps passait. Nous avions rendez-vous à quinze heures. Cela faisait plus d'une demi-heure que je l'attendais quand le vibreur de mon téléphone portable me signala un message de sa part : «Bianca: J ss presk arriV. T où?

- Moi: Je ss ds la maison.

- Bianca: Viens me rejoindre.

- Moi: Tt de s8.»

À peine avais-je fini d'envoyer ma réponse que mon cœur s'était mis à tambouriner violemment contre ma poitrine, comme s'il voulait en sortir. «Ça y est» me suis-je dit. J'allais faire face à la grande épreuve. La tension m'était insupportable. Je ne savais que faire ni penser. À un moment j'ai même voulu un petit miracle, juste ce qu'il fallait pour qu'elle annule tout; un coup de fil lui annonçant un malaise de sa mère ou quelque chose dans le genre. Je redoutais ce qui allait se passer et comment ça allait se passer. Toujours confus, je sortis de la maison et allai à sa rencontre.

Quand je fus arrivé au point de rencontre que je lui avais communiqué la veille, j'avais toujours l'espoir qu'elle décommanderait. D'ailleurs, elle n'était pas encore arrivée. D'un regard de bête traquée, je mirai les environs. Je ne voulais pas que l'on devine ce que nous allions faire au moment où elle se pointerait. Bien que je vienne ici souvent, c'était la première fois que je venais avec une fille. Il ne fallait pas qu'ils devinent mes intentions. J'avais comme l'impression que l'on m'observait. Une sorte de sensation lourde de plusieurs paires d'yeux me collant à la peau comme des sangsues. Je regardai derrière moi, je ne semblais intéresser personne alors je retourne à nouveau.

Tout à coup, «Doup!» dans ma poitrine. La voilà! Elle arrivait en face de moi dans une petite robe noire à fleurs rose qui seyait admirablement à sa petite taille. Tiens donc! Elle a mit une robe. Voilà une fille qui ne compte pas perdre son temps. Ses cheveux étaient retenus magnifiquement par une barrette rose rimant bien avec sa robe; et elle portait de fines sandales laissant un peu de liberté à ses pieds minuscules. Des pieds magnifiquement ciselés par les outils des dieux. À l'instar des déesses de l'Olympe, elle était splendide! Là, dans la rue, je décontrôlais grave, je délirais.

« Comme ça elle est venue quand même. Elle ne pouvait pas rester chez elle?» me suis-je dit malgré mon admiration.

Alors que le soleil se couchait sur la petite ville, il se levait bien haut dans mon pantalon avec toute sa chaleur, celle qu'il nous offre habituellement en plein midi alors qu'on ne le lui a pas demandé. Je peinais à cacher ma situation incommodante. J'empruntai une démarche bizarre en écartant les jambes. Et la main droite dans la poche, j'essayai de faire descendre le drapeau du haut de son mât. Je transpirais et haletais comme si je revenais du jogging de huit heures du matin sur le long boulevard caribéen de la ville du Cap. C'était atroce, insupportable et extrêmement douloureux. Je commençai à douter des conseils de Roger car déjà je ne me vois pas en train de penser à autre chose. «Doup!», encore, quand ses douces mains moites entrèrent en contact avec mon visage pour me donner un tendre baiser sur la joue en signe de salutation. Je pressai de plus en plus fort le phallus qui s'érigeait hors de mon caleçon. Quelle souffrance! Rapidement, voulant échapper aux regards indiscrets, je l'amenai au trot chez Roger.

Nous étions dans le salon, assis l'un en face de l'autre ne sachant quoi dire ni quoi faire ou du moins ne sachant qui de nous deux devait agir en premier. Ce fut elle qui brisa la glace:

- J'ai dit à ma mère que j'allais en cours.

- Ah oui! Et...Elle t'a crue?

- Absolument. Sinon je ne serais pas ici. Elle croit tout ce que je lui dis.

- C'est bien. Ta mère est cool dans ce cas?

- Dans certains cas, oui, elle l'est. Mais ne pense pas que tu vas facilement venir frapper chez moi et demander à me voir!

- Euh! Je ne pensais pas à ça.

- J'ai sommeil. Il y a un lit là-dedans? Dit-elle en pointant du doigt la chambre de mon ami.

Visiblement, tout vient à point à qui sait attendre. Dans mon esprit je levai mes deux poings en l'air comme un boxeur sur le ring. Je raclai la gorge et m'empressai de lui répondre:

- Oui...oui. Il y en a un...Il est très spacieux. Tu veux aller le voir?

Je n'avais même pas terminé qu'elle était déjà à l'intérieur. Je restai là, dans le salon, tout seul, ignorant l'action appropriée. Elle ne m'a même pas laissé l'accompagner.

«Elle était allée se coucher. Tant mieux, avec un peu de chance elle s'endormira» me suis-je dis. Mais je gâcherai tout si je n'entre pas. «Tant pis», pensai-je. Je m'assis et allumai la télévision.

Je zappai toutes les chaines, pas une n'a pu retenir mon attention. Pendant un instant, je me demandai ce que j'étais en train de faire. Elle était à quelques mètres de moi, invitante et consentante alors que moi je faisais le clown dans le salon. D'un bond, je me levai, prêt à pénétrer dans la chambre. «Doup» une fois de plus. C'était plus fort que moi. Un duel sans précédent se tenait entre ma tête, mon cœur et ma verge. Le premier voyait avec raison que je reste là où je suis. Le second philosophait sur ce que je m'apprêtais à faire: est-ce conforme à l'éthique? Et le dernier à l'instar d'un TGV accélérait la pression pour s'engouffrer dans un long et étroit tunnel ténébreux et humide qu'il réclamait depuis un certain temps.

Je devais le faire sinon je serais encore sujet aux moqueries de mon ami. Jamais je n'ai été aussi près d'y arriver. C'était le moment. Pour me donner du courage, je songeai à mon petit frère qui m'a devancé de ce côté-là, il y a quelques semaines. «Je ne perdrai pas mon droit d'aînesse, me suis-je dit. D'ici peu, j'affirmerai ma virilité». Vite, je la rejoignis dans la chambre.

Elle était étendue sur le lit, à l'instar de Claire Danes dans Roméo et Juliette, ses mains jointes sur son ventre exceptionnellement plat. À la différence près, contrairement à Leonardo Dicaprio, je n'avais pas de poison et elle ne dormait pas. Elle me lança un regard teinté d'une fausse surprise. Puis, gentiment, d'une voix presque suppliante elle me dit: «Viens te coucher près de moi».

Sans un mot, je me déchaussai et m'étendis près d'elle. Le lit n'était pas vraiment grand, comme je le lui avais laissé croire tantôt ; nos corps se touchaient presque. Son arôme enivrant prenait d'assaut mes narines et sa peau satinée réclamait mes doigts et mes baisers. Elle frissonna. Nos regards restèrent longtemps soudés l'un à l'autre. Je commençai par lui caresser doucement, la peau. Puis, je tentai de l'embrasser, elle me laissa faire. J'étais sur la bonne voie. Entre-temps, le feu dans mon pantalon me chauffait tout le corps. Je brûlais presque.

Je glissai ensuite ma main sur ses fesses, tentant de remonter la robe quand, d'un coup, elle me repoussa.

- Qu'y a-t-il, ma chérie? Balbutiai-je, désarçonné par ce rapide revirement de la situation.

- Rien.

- Parle-moi.

- Je ne peux pas faire ça. Je ne suis pas prête.

- Pourquoi?

Après une longue pause, elle demanda en soupirant:

- Tu m'aimes?

- Bien sûr que oui, je t'aime.

- Tu en es sûr?

- Oui...Sûr et certain, répondis-je, même pas convaincu de ce que je disais mais ayant l'air super sérieux pour ne pas éveiller ses soupçons.

Que voulez-vous? J'étais tout près du but, il n'y avait plus de retrait possible.

Puis, comme pour donner le coup d'envoi, elle m'embrassa en m'invitant à m'allonger sur elle.

Dans ma pensée, je chantais pour me distraire: «Allons ensemble tous mes amis, le jour de gloire est arrivé». Comme je partais en guerre, je voulais mobiliser mes troupes tout en gardant l'esprit ailleurs tel qu'on me l'avait conseillé. Mes doigts, mes lèvres, mes jambes, mon sexe, tous, étaient à l'affût pour le grand saut.

Je n'eus aucun mal à enlever la robe mais, je me suis pris dans un énorme affrontement avec le soutien-gorge. Le garde ne voulait pas me donner le champ libre, visiblement. Bianca me regarda, un peu, mi- étonnée mi- amusée.

- Tu as déjà fait ça combien de fois déjà?

- Euh...trois fois, lâchai-je à brûle-pourpoint. Le chiffre fétiche de tout le monde en pareils cas. Tu as baisé combien de fois? Trois. Tu as eu combien de petits copains ou petites copines avant moi? Trois. Dis donc, t'as déjà fais des trucs cochons? Trois fois. Toujours ce fameux chiffre trois qui revient à la charge.

- Tu en es sûr? Il ne me semble pas, pourtant.

- C'est juste que je ne l'ai pas fait depuis un certain temps...Je suis un peu rouillé. En plus, depuis que je t'ai rencontrée, je n'ai eu aucun rapport avec d'autres filles, dis-je en prenant l'air sûr de moi. Je me réservais uniquement pour toi.

Ravie, elle vola à mon secours et délivra ses mamelons, offrant à mes yeux, pour la première fois, le saint spectacle de ses beaux seins. Un peu secoué par la magnificence de cette offre hautement généreuse je restai là à les regarder. C'était pour la première que j'en voyais d'aussi près. Certes j'avais l'habitude de lorgner quelques voisines quand elles prenaient leur bain sous les projecteurs du beau soleil d'été mais là je n'avais pas à me cacher. J'étais en première loge et acteur à la fois. Ses nibards étaient plus petits en vrai que sous la robe mais durs, fermes et très chauds quand je les touchai. En un éclair, je me déshabillai à mon tour, gardant seulement mon slip. Sa peau étincelait sur le drap.

J'optai pour le rythme lent et tatillon. Elle s'extasiait sous l'emprise de mes caresses et de mes baisers. Ne voulant pas être monotone, je plongeai mes mains dans sa petite culotte et commençai à pianoter la surface lisse, soyeuse et humidifiée depuis un moment. Là, j'envoyai, au diable le prof d'anatomie, j'apprenais tout seul. Je fis glisser doucement le tissu qui me gênait un peu et enlevai aussitôt le mien.

J'eus ensuite à livrer une autre bataille. Le préservatif me causa pas mal de problèmes mais finit par céder et la valse commença, doucement, tendrement. Le vent me fouettait le visage, je planais, j'avais des ailes et mes yeux admiraient le panorama d'un air satisfait et joyeux. Comment détourner les yeux et penser à une quelconque autre chose quand tant de richesses brillaient votre regard. J'oubliai vite la cadence sensuelle pour déraper à la manière d'un cavalier poursuivi par une pléthore de guerriers sanguinaires. Puis, un incroyable sentiment de bien-être et de plénitude m'envahit tout le corps. Mes jambes tremblèrent et là jaillit le lait vénérien tant redouté. La chute lubrique avait à peine duré trente secondes; j'avais pourtant essayé tous les conseils peu efficaces de Roger. Honteux, j'évitai le regard de Bianca en faisant semblant de chercher quelque chose sur le lit.

Mine de rien, parfaitement à l'aise et bien dans sa peau elle me demanda:

- Tu n'as pas un autre préservatif?

- Oui. J'en ai trois autres.

- Alors, tu attends quoi?

Je ne me le fis pas dire deux fois. Toujours en forme apparemment, je pris un autre condom et l'enfilai assez aisément. J'apprenais vite. Nous recommençâmes la chute. Chute incompréhensible car à mesure que je tombais, je me rapprochais du septième ciel, du paradis. Et je ressentis à nouveau ce plaisir immense qui me secoua plus intensément que la première fois. J'aurais bien aimé que toute la durée en fut ainsi. À ce second round, au moins, j'atteignis une dizaine de minutes, que je trouvai fort satisfaisant. Nous eûmes même le temps de varier les positions.

Quand nous terminâmes, elle s'empara de sa robe d'un geste brusque pour cacher sa nudité. "Ah les femmes", pensai-je intérieurement. Elle était toute nue devant moi tout à l'heure et voilà maintenant qu'elle se cache au moment où je ne voulais plus rien voir.

Pendant qu'elle se rhabillait, quelque chose sur le lit attira mon attention. C'était le condom que je venais d'utiliser; le liquide qu'il contenait avait une drôle de couleur. Tiens donc, me dis-je intérieurement!

Il était d'un rouge pâle presque rose. Ce fut alors moi qui avais saigné.

FIN

Mars 2016

©Saint-Hubert Jean Reynald

Email: jrslux95@gmail.com

Stanley CESAR: Un cœur et un rêve brisés





Que ne donnerions nous pas juste pour pouvoir réaliser nos rêves ? Et que ressentirions nous si la flamme de cette passion qui brûle en nous arrivait à s’éteindre ? Le monde est fait de regrets, de peine et de jours heureux mais souvent de fois quand arrivent ces moments de déboires, ne nous disons nous pas que ce n’est pas encore temps. Que ce n’est pas le moment ? Malheureusement, des accidents de parcours, des fois on n’en revient pas. Du moins, pas psychologiquement. Nos rêves d’enfants, nos projets d’adultes s’en vont dans une volute de fumée. Nous nous voyons obligés d’abandonner notre passion et tout ce à quoi nous aspirions. Voilà, la situation caricaturale de Stanley César qui a subi un choc terrible lors d’un match opposant le dimanche 10 mars l’Université Publique du Nord-Cap-Haïtien, son équipe, vs l’Université Chrétienne du Nord d’Haïti. Entre difficultés économiques et absence d’assistance médicale, Stanley souffre amèrement.

Stanley César, surnommé Sly, ce jeune né le 4 août 1996 à Cap-Haïtien, d’une famille de 3 enfants dont il est le cadet, éprouva dès son plus jeune âge un amour inconditionnel pour le sport, le basket-ball en particulier. « J’ai démarré ma carrière en 2010. Mon premier club fut Blue star où j’ai passé 5 ans. On a remporté plusieurs titres et j’ai reçu le titre de meilleur joueur à chaque fois. Après plusieurs saisons, j’ai rejoint Ninja Club. En 2015, à la suite de mes études classiques, j’allais rejoindre l’UCNH puis l’UPNCH. Il faut dire que mes coéquipiers et mois jouions par amour. On ne recevait pas grand-chose. Mais il fallait se donner corps et âme à  chaque fois. Le basket représente tout pour moi et pour tant d’autres jeunes mais il faut assurer la vie de ces jeunes», nous dit-il. Kobe Bryant reste le plus grand modèle de celui qui rêvait de jouer au NBA.


Entre Les pages s’est entretenue avec un membre de sa famille et nous raconte que le jeune basketteur était vraiment en difficulté au premier moment pour recevoir les soins nécessaires  à  l’hôpital Justinien à cause d’une grève. « On nous a dit qu’il fallait faire une analyse du nom d’ECG pour son cœur, on a dû se rendre à  un autre hôpital ainsi que pour la radiographie », nous dit la sœur du basketteur, Sandeline César. Visiblement épuisée, elle subit par ailleurs des examens au Campus de Limonade où elle est inscrite en première année en science politique. Sandeline continue pour dire : « Mon frère souffre amèrement, pas que physiquement mais aussi psychologiquement après que le docteur lui a interdit le basket. Il a maintenant un problème cardiaque. En apprenant la nouvelle, mon frère a pleuré toutes les larmes de son corps…je me rends compte que nos rêves ne sont pas protégés dans un pays où les soins de santé sont rarement accessibles, l’encadrement des jeunes n’est pas garanti. Les équipes n’ont même pas un staff médical ».


Entre Les Pages a rendu visite à la Famille César pour l’encourager, Stanley en particulier. Il faut mentionner que depuis l’accident, très peu de gens ont rendu visite à Stanley y compris le coach de l’équipe qui a seulement pointé le jour de l’accident, les cadres de l’UPNCH non plus, nous fait savoir Sandeline. « J’aimerais pouvoir me récupérer très bientôt pas seulement pour moi mais aussi pour ma famille qui est très affectée », déclare l’ancien champion de All-Cap.

En quelques mots, Stanley a besoin de nos soutiens

Auteur : Djedly François JOSEPH


« Je suis nègre » : L’énorme complexe d’infériorité de nos jours






Une cruelle sous-estime de soi et de nos frères, tel est le mal radical et destructeur résultant de la campagne systématique d'infériorisation du nègre entretenue sans répit par l'Occident durant la colonisation. Et l'objectif est atteint.

Nous entendons souvent cette expression: il est "nwè" (noir foncé), lèd ( laid)! A noter qu'on est pas laid parce qu'on est laid mais parce qu'on est "nwè" (noir foncé). Nous sommes souvent des néo-colons vis-à-vis de nos frères descendants d'esclaves comme nous. L'Haïtien est souvent de fois plus méprisé au milieu de ses frères nègres qu'au milieu de ses ex-colonisateurs. Le mal qui nous ruine est en nous et chez nous. Nous nous sentons toujours rejetés chez nous, par nous. Toujours un sévère mépris de l'être nègre par l'être nègre qui nous empêche d'accepter notre personne et de vivre avec fierté.  C'est pourquoi nombre d'entre nous clament toujours qu'ils sont fiers d'être noirs. Pourquoi répéter sans cesse qu'on est fier d'être noir? C'est sans doute parce que nous souffrons. Nous souffrons d'un énorme complexe d'infériorité.  Le blanc ne dit pas qu'il est fier d'être blanc. Ce complexe d'infériorité est souvent dû au mépris combien choquant dont nous sommes victimes tous les jours dans notre environnement composé de nègres comme nous.

Une camarade de classe à l'Université m'a dit un jour qu'elle n'est pas descendante d'esclaves parce que son nom de famille est d’origine française. Dans ses yeux éclatait une admiration naïve pour son nom de famille qui, selon elle, n'est pas haïtien. Peut-être. Mais elle ignorait que nous avons presque tous des noms français parce qu'en arrivant à St Domingue, on nous a enlevé tout ce que nous avions comme identité. Que l'on soit descendant de famille royale de tel tribut africain que ce soit, on n'était à St Domingue que du bétail, propriété d'un maître blanc qui nous baptisa et nous donna son nom propre.

Il existe toujours chez nous cette folie de nous distinguer des autres en essayant de justifier une prétendue descendance différente de celle des autres, un rang social différent, une petite différence dans la couleur de la peau (plus foncée, moins foncée; plus claire moins claire ) etc. Nous faisons chaque jour tout ce qui est possible pour rappeler à nos frères, mais de manière très brutale, qu'ils sont " nwè" ou laids et condamnés. Nous arrivons même parfois  à imaginer qu'un enfant issu d'une personne claire et d'une autre noire foncée est plus joli qu'un autre issu de deux personnes noires foncées. Affectueusement, nous disons que c'est du " café au lait."Chacun a son droit le plus entier de choisir la personne qu'on aime ou même la couleur qui lui plait. Mais le problème reste dans l'immense préjugé qui se cache parfois derrière son choix. C'est aussi parce que nous prétendons qu'une personne est belle parce qu'elle n'est pas noire foncée.

Nous avons encore tous ces maillons de chaine qui maintiennent prisonnière chaque cellule de notre cerveau. Dans nos rangs, trop de néo-colons blancs dans des corps nègres. Et ils sont de loin plus méchants que les colons blancs tout court. Je ne veux pas être hypocrite en disant que toutes les personnes sont belles et j’en passe... Mais je sais qu'une personne n'est pas laide juste parce qu'elle est "nwè" ( noire foncée). C'est le comble! Nous sommes exactement ce que nous ne voulons pas!  Notre problème c'est nous! À l'instar des anciens colonisateurs occidentaux, nous confirmons une sorte d'infériorité  chez nos frères nègres parce qu'ils sont plus "foncés" que nous. Il faut donc accepter que notre chemin est encore long. Éducateurs, maîtres, prêtres, pasteurs et patrons haïtiens sont tellement "occidentalisés" qu'ils n'arrivent pas à contribuer au renversement de cette infériorisation. Plus on est proche du succès personnel, plus on est "colon" dans notre mentalité. Et c'est l'une des principales causes de toutes ces haines qui rongent notre société. Car dans l'âme du méprisé bouillonne toujours une violente colère. Dans son fond intérieur gronde en permanence un orage de rancune. Il est grave de constater les fronts de certains d'entre nous couronnés par un orgueil de race.  Cette perception tordue plus clair(e)= moins laid(e) et moins clair(e) = plus laid(e) fait de nous des esclaves « libres », non libres. Ces banalités encombrent nos  raisonnements.

On dit toujours que celui qui pardonne fait plus de bien à lui-même qu'à celui à qui il pardonne. On dit aussi que faire du bien à autrui, c'est faire du bien à nous-même. Faisons donc du bien à nous-même en cessant de considérer qu'une personne est laide  parce qu'elle est "nwè"; valorisons-nous en mettant en valeur nos frères; clamons notre beauté en cherchant les innombrables beautés qui font de nos frères de merveilleuses créatures divines; sécurisons-nous en sortant nos frères de la précarité; rendons-nous plus beaux en améliorant la beauté des autres; soyons plus supérieurs en contribuant à renverser les complexes d'infériorité qui ruinent nos compatriotes; soyons sans défaut en ignorant les imperceptibles défauts qui se dissimulent parmi tant de brillantes qualités chez nos frères;  vivons en paix en inculquant à nos concitoyens l'amour, le respect, la tolérance, la charité, la positivité, l'intégrité et la transparence; et enfin soyons parfaits en acceptant que nous sommes tous imparfaits

Widly Carpentier/ Sagittarius
carpentierwidly@yahoo.fr
(509)43467462/38780658

REJOIGNEZ NOTRE NEWSLETTER