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Quand Joubert JOSEPH nous parle de sa vie de lecteur

                                                                                                                                                                Je lis pour ne pas laisser rouiller mon intelligence

J'ai grandi dans une ville où les livres étaient rares, à part les manuels scolaires. Et parfois j'avais des livres entre les mains mais je ne savais pas lire. Ne savoir pas lire ici a une autre définition, c'est pas être illettré dans le sens propre du terme. Mais ne pas savoir comment tenir un roman de deux-cent à trois-cent pages. Ne pas savoir comment s'y entrer sans sortir avec la tête cassée, parce que lire est un véritable combat.

J'avais l'habitude de lire des journaux que je trouve à la maison, des articles sur la politique, sur la culture, entre autres. Mais je me disais toujours qu'un roman c'est trop volumineux et c'est sans desseins, j'étais accro aux dessins, tout comme les livres de Bouqui et de Malice. je voulais que les romans soient illustrés. Le jour où j'ai appris à lire. J'avais un ami avec qui j'avais l'habitude de discuter sur ce qu'on nous a appris en classe, plus particulièrement sur l'histoire et la littérature haïtienne ainsi que française. Un jour j'ai vu un livre entre ses mains, c'était le récit Je suis fatigué de Dany Laferrière. Je l'ai demandé de voir et en feuilletant les premières pages, je me suis dit que ce livre peut être intéressant. Il me l'a emprunté pour un délai de sept jours soit une semaine. Durant cette semaine je me mettais à fond dans la lecture de ce livre. Je lisais et relisais les textes que je trouvais les plus intéressants. C'était ma première expérience avec le livre. J'étais tombé amoureux du style de l'écrivain. C'était un beau voyage à travers l'imaginaire de Dany. Et depuis, je cherchais les livres tel un vampire assoiffé de sang.

Pourquoi je lis ?

« Lire, c'est boire et manger, l'esprit qui ne lit pas, maigrit comme le corps qui ne mange pas », n'est-ce pas Victor Hugo ? En fait, je lis pour empêcher à mon esprit de mourir. Je lis pour ne pas laisser « rouiller mon intelligence » pour parodier Jacques Stephen Alexis. Je lis pour voyager à travers le temps. Je lis pour entrer en communication avec les ainés. Je lis pour apprendre à écrire, apprendre à parler. Je lis pour dire que la vie ne nous suffit pas. Je lis pour habiter l'instant. Enfin, je lis pour donner forme à ma vie.


Joubert JOSEPH

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