Je pense que la globalisation est un poison mortel. Je ne parle pas des pays du nord qui sont des champions ; des grands bénéficiaires du phénomène. Je ne parle pas des pays qui savent profiter des opportunités du système-monde. Je parle de notre Haïti, l'oubliée, l'appauvrie, là où les conditions de vie humaines sont exemptées. Haïti n'est pas à la hauteur de la mondialisation. C'est pour cela qu'elle nous tue. Voici quelques faits sur lesquels est fondée ma réflexion:
Sur le plan économique, la mondialisation veut l’élimination des tarifs
douaniers. [ ? ] Est-ce pour assurer réellement en conséquence notre
survie alimentaire ? Je pense que NON ! Elle veut tout simplement
tuer notre économie nationale reposant théoriquement sur l’agriculture – pas
n’importe laquelle ! Une agriculture vivrière qui assure, bon gré mal gré,
la survie de nos confrères à la campagne. Abordons maintenant la question à
travers des faits. Les plus grands tenants (acteurs) de ce phénomène sont les
multinationales – siégeant dans les pays du nord, dans les PVD, etc.., elles
détiennent plus de la moitié de l’économie mondiale. Elles ont la capacité de
produire beaucoup plus, dans un moindre délai et exportent leurs produits à vil
prix, et chez nous, puisque nos moyens de production quasi-archaïque ne peuvent
pas concurrencer les leurs. Arrivant sur notre sol, leurs produits envahissent
nos marchés et dévalorisent les nôtres. Qu’est-ce-que ça fait ? Les dégâts
sont visibles à nos yeux ! La dépréciation de la gourde, le chômage, les inégalités
socio-spatiales, l’abandon des terres agricoles au profit de la vente des
produits étrangers dans les centre-urbains, pour n’en citer que ceux-là. Cette
mondialisation tue notre économie en nous empêchant de produire, en nous
rendant totalement dépendants de l’extérieur.
Sur le plan social, je constate la perte de certaines valeurs qui, dans le
passé étaient la base même de notre culture depuis l’évolution des médias
technologiques où tous les tubes, moraux ou amoraux, sont à la portée de tous -
il suffit de posséder un téléphone intelligent (Smartphone) -. Une grande
partie de nos jeunes filles se comportent dans les rues comme Lady Gaga,
Rihanna, Beyoncé sur scène. Les jeunes d’aujourd’hui sont tellement passionnés,
se laissant emporter par la folie des fêtes - les fameuses parties - que nous
apporte la mondialisation qu’ils apportent leur Chawa pete même dans les fêtes nationales. Le monde est
interconnecté et c’est vrai que cela profite largement à l’économie et à
d’autres domaines mais c'est à partir de cela que l'immoralité est en train de
battre son plein aujourd’hui. D’un coté, les gens n'évaluent pas assez la
portée, le contenu, la véracité et l'éthique de ce qu'ils postent sur les
réseaux sociaux. Ils publient n’importe quelle image parfois gênante, n’importe
quel texte parfois sans contenu et fondement, et se prostituent parfois sans
s’en rendre compte (yon nèg ki renmen m’, rive sou mwen : parole d’une jeune fille
de 15 ans sur facebook). Cette jeune fille n’est-t-elle pas entrain de
trépasser socialement pour certains ? Je vous laisse le soin d’y
réfléchir… D’un autre coté, les gens ne s’aident pas mutuellement. Dans les
rues, on peut constater que les gens cherchent de préférence une connexion
internet au lieu d’une connexion sociale - ainsi se développe des relations
technologiques (virtuelles) dans les réseaux sociaux - les tap-tap témoignent
de cette attitude. La technologie que nous offre cette mondialisation nous
permet : de connaître, de voir le niveau de développement des autres pays,
de voir leurs exploits mais le fait que nous ne pouvons pas les reproduire chez
nous pose de sérieux problèmes.
Sur le plan éducatif, certains savent profiter des avantages de la
technologie pour en tirer des avantages mais d’autres sont en train de
trépasser par l’utilisation qu’ils en font. Et comment ? Selon une observation que j’ai
menée moi-même, j’ai pu constater que la capacité d’écrire et le niveau de
réflexion de nos jeunes haïtiens au moment même où j’écris ce texte sont en train
de baisser et ceci à grands pas. Grace à la
fameuse option de correction
automatique que possèdent les téléphones intelligents et les ordinateurs, on
ne soucie pas vraiment de la grammaire et du vocabulaire, on a le choix: soit on
corrige tout en un clic, soit on utliz ds abgés courammnt aplé LANGAGE
SMS.
Constatez vous-mêmes les dégâts dans les écrits manuscrits et dites-moi si nous
ne sommes pas en train de marcher dans le couloir de la mort linguistique ?
J'ajouterai pour dire
que très souvent dans les études supérieures et aussi parfois au niveau
classique - en vue d’augmenter notre capacité de production - on nous donne des
devoirs de réflexions mais en grande majorité c’est Monsieur Google qui les rédige.
Et en conséquence, notre capacité de réflexion baisse comme je l’ai mentionné tantôt,
se borne et devient inadapté à notre réalité. On meurt… de la mondialisation
mal digérée…
Grâce à la mondialisation, c’est vrai que nous pouvons bénéficier
des véhicules de toutes sortes (motos, tricycles, voitures...) et nous en recevons
en grande quantité. Mais
nous ne construisons pas de nouvelles voies pour faciliter la circulation - les
quelques existantes sont en piteux état -. Les conséquences en sont visibles
dans nos centres urbains : congestion, accidents de la route.
Sur le plan sanitaire, les produits que nous importons ou plutôt ceux qu’ils
nous exportent, augmentent notre vulnérabilité à des dysfonctionnements majeurs
de l’organisme. Parler de sécurité alimentaire, de souveraineté alimentaire en
Haïti en ce moment, c’est comme parler des défunts enterrés depuis plus de 25
ans. Et j'ai mal rien qu’à dire ça...
Mon propos n’est pas de faire comprendre que la
mondialisation n’est pas une bonne chose ou qu’il n’est pas un atout pour le
monde. Elle pourrait profiter à notre chère Haïti, mais cela dépend de notre
manière de la saisir, d’y combiner nos politiques nationales. Et chez nous, puisque
nous n’avons pas encore un système résilient en place, profiter de la
mondialisation reste un mystère. Ainsi donc, la mondialisation nous tue…
Bonne reconstruction chère Haïti !
Jeef Gonel
Etudiant en aménagement du territoire au CHC-UEHL
Tel : (+509) 3880-1908
E-mail : jeefgonel2@gmail.com
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