La
vie m’a toujours offert de grandesopportunités. J’ai profité de certaines et
j’ai laissé passer d’autres. Certaines sont à regretter, d’autres non. Je suis
le seul enfant de ma famille. J’ai fréquenté de grands établissements
scolaires, j’ai beaucoup voyagé durant ma courte enfance et j’ai eu la chance
d’avoir quelques amis avec qui partager mes joies et mes déboires. En ce qui
concerne les filles, j’ai tellement laissé filer des occasions pour en avoir
que j’ai dûarrêter de compter depuis un certain temps.
Pourtant
j’aime les femmes. Je les aime beaucoup, qu’elles soient noires ou blanches, de
petite taille ou grande ; cela m’importe peu. J’aime quand elles parlent,
j’aime les regarder défiler au rythme de je ne sais quel musique.Mais ce que je
n'aime pas tropest le fait qu’elles se laissent dominer par l’extravagance. Je
n'aime pas leurs caprices, leurs manières de se montrer importantes, leurs tendances
à dire non juste pour faire durer un peu plus la musique à leurs oreilles. Tout
cela m’ennuie. Tout cela parce que je ne suis pas du genre à demander une chose
plusieurs fois à une même personne surtout quand je n’ai plus rien à prouver ou
à donner de plus.
Du
coup, j’ai passé toute mon adolescence en écoutant mes potes parler de leurs
prouesses avec les filles sans pouvoir aussi raconter les miennes. Apres tout,
je n’avais rien à raconter. Certains de
mes amis ont même eu plusieurs copines à la fois. C’était une façonà eux de se
montrer homme. Face à ces démonstrations, j’ai dû chercher une autre façon de
construire ma masculinité, une autre façon de me montrer homme puis qu’il en
existe beaucoup. Du coup, j’ai consacré le clair de mon temps à lire les bonnes
vieilles histoires de l’antiquité. Je lisais la Grèce antique, la Rome, la France de Napoléon, la Russie de Staline,
les USA deRoosevelt. Je réécrivais dans ma tête la fin de certaines
civilisations que j’aimais. Je me saoulais
l’esprit en regardant les documentaires sur les guerres, sur les dernières
inventions technologiques, sur les investissements en armement de chaque pays.
Peu à peu, j’ai appris à comprendre comment fonctionne le monde, j’ai appris à
ne pas me soucier des victimes mais de savoir si je ne sais quel pays va
envoyer son porte-aviondans telle ou telle zone de conflits. Bref, tout ce que
les gestes féminins ne pouvaient influencer
m’intéressaient.
Pendant
longtemps, l’envie de parler à une fille ne me passait plus à la tête. Dès que
je voyais une fille, j’ai tout de suite
vu un obstacle à ma réussite, quelqu’un qui avec un sourire peut chambarder ma
période d’examen ou pire encore me faire revenir sur certaines décisions
longuement réflechies. Or un homme comme
moi n’avait pas droit à l’erreur dans la vie. Jene me voyais pas me
plaindresur mon sort tel un vieux grincheux au soir de ma vie. Je ne pouvais
pas m'offrir le luxe de gâcher ma vie avant même de commencer juste
pour un moment de baise, juste pour deux cuisses. (D’ailleurs elles seront
toujours là, les cuisses. Il y en aura toujours.)
Les
années passèrent ainsi. Je suis devenu un homme acharné, travailleur, passionné
par la vie. L’idée de vivre dans une grande et belle maison, d’avoir plusieurs
voitures devient mon nouvel objectif. Les femmes que je rencontre maintenant
sont des spécialistes. Elles n’ont rien à prouver, elles connaissent déjà
comment fonctionnent leurs corps. Elles n’ont pas le temps à tenter les hommes.
Du coup, je me sens dans ma peau.
Apres
plusieurs années de dur labeur, mon nom devient une référence dans le domaine
de la géopolitique dans le monde. Je suis toujours présent dans tous les
sommets internationaux, je suis membre de plusieurs centres d’études en
géographie économique. Si quelqu’un me regarde avec des yeux innocents, il me
verrait tel un homme comblé, comme quelqu’un qui a travaillé dur pendant sa vie
pour en arriver làoù il est. Pourtant au fond de moi surgit une grande
tristesse, l’homme que je suis devenu ne peut plus noyer ses envies sous le
travail. Il a besoin d’une autre chose qui ne soit pas le boulot, les voyages
ou le luxe. Il a besoin d’une compagne. Mais comment pourrait-il approcher une
femme à cet âge ? Qu’est ce qu’il va dire ? Qu’il a besoin d’une
femme, que maintenant il veut toucher le corps d’une femme. Qu'il veut
connaitre qu'est ce que ça fait de reveiller aux côtés d'une femme.Pour la
personne que je suis, ce serait synonyme de faiblesse. Tout cela c’est à cause
d’une stupide idée juvénile, c’est à cause d’un ego démesuré qui m’empêchait de
voir les choses en face.
Je
suis devenu l’homme que je fuyais dans ma jeunesse, je suis devenu quelqu’un
qui repasse sa vie, quelqu'un qui s'accuse. Je revis mon adolescence dans ma
tête déjà surchargée, je m’apitoie sur mon sort.Je deviens irascible.
Maintenant à côté de toute cette fortune, à l’intérieur de cette luxueuse
maison, vit un homme triste et vide. Une seule chose repasse dans ma tête, une
seule question me hante l’esprit : pourquoi j’ai refusé de donneraux filles
ce qu’elles voulaient ?
Enfin
je me rends compte que se montrer vulnerable n'est un signe de faiblesse.
Maintenant Je déteste le vieux grincheux que je suis devenu.
Love-Mackendy
Valcin.
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