+(509) 4786 3169

+(509) 4786 3746

Le vieux grincheux


La vie m’a toujours offert de grandesopportunités. J’ai profité de certaines et j’ai laissé passer d’autres. Certaines sont à regretter, d’autres non. Je suis le seul enfant de ma famille. J’ai fréquenté de grands établissements scolaires, j’ai beaucoup voyagé durant ma courte enfance et j’ai eu la chance d’avoir quelques amis avec qui partager mes joies et mes déboires. En ce qui concerne les filles, j’ai tellement laissé filer des occasions pour en avoir que j’ai dûarrêter de compter depuis un certain temps.

Pourtant j’aime les femmes. Je les aime beaucoup, qu’elles soient noires ou blanches, de petite taille ou grande ; cela m’importe peu. J’aime quand elles parlent, j’aime les regarder défiler au rythme de je ne sais quel musique.Mais ce que je n'aime pas tropest le fait qu’elles se laissent dominer par l’extravagance. Je n'aime pas leurs caprices, leurs manières de se montrer importantes, leurs tendances à dire non juste pour faire durer un peu plus la musique à leurs oreilles. Tout cela m’ennuie. Tout cela parce que je ne suis pas du genre à demander une chose plusieurs fois à une même personne surtout quand je n’ai plus rien à prouver ou à donner de plus.

Du coup, j’ai passé toute mon adolescence en écoutant mes potes parler de leurs prouesses avec les filles sans pouvoir aussi raconter les miennes. Apres tout, je n’avais rien à raconter.  Certains de mes amis ont même eu plusieurs copines à la fois. C’était une façonà eux de se montrer homme. Face à ces démonstrations, j’ai dû chercher une autre façon de construire ma masculinité, une autre façon de me montrer homme puis qu’il en existe beaucoup. Du coup, j’ai consacré le clair de mon temps à lire les bonnes vieilles histoires de l’antiquité. Je lisais la Grèce antique, la Rome,  la France de Napoléon, la Russie de Staline, les USA deRoosevelt. Je réécrivais dans ma tête la fin de certaines civilisations que j’aimais. Je me saoulais l’esprit en regardant les documentaires sur les guerres, sur les dernières inventions technologiques, sur les investissements en armement de chaque pays. Peu à peu, j’ai appris à comprendre comment fonctionne le monde, j’ai appris à ne pas me soucier des victimes mais de savoir si je ne sais quel pays va envoyer son porte-aviondans telle ou telle zone de conflits. Bref, tout ce que les gestes féminins ne pouvaient influencer  m’intéressaient.

Pendant longtemps, l’envie de parler à une fille ne me passait plus à la tête. Dès que je voyais une fille, j’ai tout de suite vu un obstacle à ma réussite, quelqu’un qui avec un sourire peut chambarder ma période d’examen ou pire encore me faire revenir sur certaines décisions longuement réflechies. Or un homme comme  moi n’avait pas droit à l’erreur dans la vie. Jene me voyais pas me plaindresur mon sort tel un vieux grincheux au soir de ma vie. Je ne pouvais pas m'offrir le luxe de gâcher ma vie avant même de commencer juste pour un moment de baise, juste pour deux cuisses. (D’ailleurs elles seront toujours là, les cuisses. Il y en aura toujours.)

Les années passèrent ainsi. Je suis devenu un homme acharné, travailleur, passionné par la vie. L’idée de vivre dans une grande et belle maison, d’avoir plusieurs voitures devient mon nouvel objectif. Les femmes que je rencontre maintenant sont des spécialistes. Elles n’ont rien à prouver, elles connaissent déjà comment fonctionnent leurs corps. Elles n’ont pas le temps à tenter les hommes. Du coup, je me sens dans ma peau.

Apres plusieurs années de dur labeur, mon nom devient une référence dans le domaine de la géopolitique dans le monde. Je suis toujours présent dans tous les sommets internationaux, je suis membre de plusieurs centres d’études en géographie économique. Si quelqu’un me regarde avec des yeux innocents, il me verrait tel un homme comblé, comme quelqu’un qui a travaillé dur pendant sa vie pour en arriver làoù il est. Pourtant au fond de moi surgit une grande tristesse, l’homme que je suis devenu ne peut plus noyer ses envies sous le travail. Il a besoin d’une autre chose qui ne soit pas le boulot, les voyages ou le luxe. Il a besoin d’une compagne. Mais comment pourrait-il approcher une femme à cet âge ? Qu’est ce qu’il va dire ? Qu’il a besoin d’une femme, que maintenant il veut toucher le corps d’une femme. Qu'il veut connaitre qu'est ce que ça fait de reveiller aux côtés d'une femme.Pour la personne que je suis, ce serait synonyme de faiblesse. Tout cela c’est à cause d’une stupide idée juvénile, c’est à cause d’un ego démesuré qui m’empêchait de voir les choses en face.

Je suis devenu l’homme que je fuyais dans ma jeunesse, je suis devenu quelqu’un qui repasse sa vie, quelqu'un qui s'accuse. Je revis mon adolescence dans ma tête déjà surchargée, je m’apitoie sur mon sort.Je deviens irascible. Maintenant à côté de toute cette fortune, à l’intérieur de cette luxueuse maison, vit un homme triste et vide. Une seule chose repasse dans ma tête, une seule question me hante l’esprit : pourquoi j’ai refusé de donneraux filles ce qu’elles voulaient ?

Enfin je me rends compte que se montrer vulnerable n'est un signe de faiblesse. Maintenant Je déteste le vieux grincheux que je suis devenu.


Love-Mackendy Valcin.



Aucun commentaire:
Write comments

REJOIGNEZ NOTRE NEWSLETTER