L’année dernière, son nom avait animé le championnat
national haïtien de première division. Courtisé par de nombreux club en Haïti
qu’à l’étranger, Babalito était l’un des talents haïtien les plus demandés. Deux trophées collectifs et un titre de meilleur joueur
national en 2015-2016 à son actif, il était pour plus d’un le joueur de
référence du championnat national.
A 22 ans seulement, Woodensky Marlet Cherenfant,
plus connu sous le nom de Babalito, jouit déjà d’une excellente renommée et de
certains privilèges. La saison
dernière, le public n’avait d’yeux que pour Babalito. Son jeu très offensif et
spectaculaire a tenu en haleine tout le monde durant une grande partie de
la saison avant de
s’imposer comme une valeur sûre du football haïtien. Virtuose du
football par son énorme potentiel et sa passion démesurée pour cette activité
sportive, Babalito peut aspirer à un avenir très prometteur! Son dévouement,
son envie de progresser et d’exceller lui ont valu pas mal de titres.
Actuellement ancien attaquant du FICA, Babalito choisit de poursuivre sa
carrière de footballeur en intégrant une nouvelle équipe : la Cibao FC en
République Dominicaine d’où il bénéficie de certains avantages.
Entre Les Pages :
Quel est l’histoire autour de votre surnom « Babalito »?
Woodensky Marlet
Cherenfant : Je tiens mon
surnom « Babalito » de mon père qui était surnommé « Baba ».
Les gens trouvaient que je ressemblais énormément à mon père, donc ils ont
commencé à m’appeler « Ti Baba ». Ainsi mon surnom a pris forme.
ELP :
Tout d’abord, pourquoi le football ?
WMC: Pour moi, c’est un don. C’est un sport qui me passionne.
Je l’ai dans la peau depuis mon enfance. C’est d’ailleurs aux environs de 7 ou
8 ans que j’ai commencé à le pratiquer. J’y suis tellement accro que lorsque je
ne suis pas sur un terrain réel, je joue au foot sur ma console, c’est un
passe-temps pour moi!
ELP :
Comment étaient vos débuts dans le football ?
WMC : C’était assez dur parce que ma mère refusait
catégoriquement que j’y joue. Elle
utilisait tous les moyens possibles pour m’en dissuader mais moi qui n’étais pas
de cet avis, je m’absente de temps en temps de la maison pour m’y adonner. Je
me souviens qu’un jour, lors de son anniversaire, j’ai voulu l’inviter à venir
assister à l’un de mes matches. Elle a catégoriquement refusé que j’y aille. Le
pire, c’est que c’était la finale et donc je devais impérativement être
présent. Si je me rendais, j’aurais certainement de gros ennuis avec ma mère et
si je n’y allais pas, ce serait avec mon coach que j’aurais des problèmes. Dans
tous les cas, je n’en ressortirais pas indemne. J’ai alors choisi d’aller jouer
en cachette. Et en plein match, ma mère, ayant appris ma fugue, a débarqué pour
me ramener à grand coups à la maison. Mais heureusement qu’elle n’a pas osé
franchir le terrain parce que sinon je serais déjà mort sans qu’elle ait levé
le petit doigt. J’ai pu terminer le jeu. Mon équipe en est sortie vainqueur et
moi j’ai obtenu le trophée de meilleur buteur que je lui ai décerné. Et depuis
lors, elle a plus ou moins accepté mon choix.
Ensuite j’ai quitté ma ville natale : Fort-Liberté pour le Cap en
devenant membre de la FICA et j’ai travaillé très dur pour faire du football
mon métier ; il a vraiment servi à payer mes matériels et frais scolaires
et j’ai eu droit à certains privilèges comme voyager dans des pays tels que la
Jamaïque, le Mexique, le Panama, les
USA, etc. J’ai atteint un niveau que je ne pensais pas atteindre assez
rapidement. Et, depuis mes 12 ans d’expérience, je n’ai aucun regret, je vis du
football et j’en suis fier.
ELP :
Avez-vous déjà été sélectionné pour l’équipe nationale ?
WMC : D’habitude, on choisit les joueurs actifs. Par
conséquent, j’ai déjà été sélectionné mais ça n’arrive pas tout le temps,
dépendamment de la stratégie de jeu de l’entraineur. Cependant, je suis toujours prêt à
représenter mon pays.
ELP :
Parlez nous de votre transfert à Cibao FC.
WMC : J’ai premièrement voulu le faire discrètement pour éviter
les complications. Toutefois, j’ai changé d’avis car ce serait incorrect vis à
vis des médias, des fans, etc. Et donc, lors d’un match opposant FICA à Don
Bosco en demi-finale, j’ai relaté dans une interview qu’après la finale, je ne
jouerai plus pour la FICA parce que j’ai décidé de faire partie d’une nouvelle
formation en République Dominicaine : la Cibao FC. En fait, en janvier
2016, FICA a remporté un match face à Cibao et depuis lors, j’ai été repéré par
le président de cette équipe qui m’a fait une offre que j’ai acceptée plus tard
en mai. Je n’ai pas voulu quitter FICA immédiatement parce que j’avais encore
des objectifs à réaliser, un but à atteindre, une trace à laisser pour les
jeunes haïtiens qui partagent la même passion que moi et enfin, je devais
achever mon parcours en Haïti.
ELP :
Comment Cibao vous a-t-il accueilli en République Dominicaine ?
WMC : Au sein de ce club, indépendamment de mon salaire, tout
était pris en charge. Que ce soit pour la nourriture, l’électricité, le loyer,
etc. Tout ce qui m’appartient m’est offert par le club. Je ne devais que jouer
pour l’équipe, m’entrainer, la représenter et puis c’est tout. De toute façon,
cela dépend du contrat passé et des capacités du joueur.
ELP :
Quel accueil avez-vous reçu de la part des dominicains ?
WMC : J’ai été très bien accueilli, plein de gens sont venus me
supporter, m’encourager. Et puis mon surnom : Babalito, qui parait
espagnol, a suscité leur intérêt. Je suis également très connu et apprécié par
les enfants qui m’admirent.
ELP : Y
a-t-il eu un changement du point de vue économique ?
WMC : En Haïti, j’avais un bon salaire avec le FICA par rapport
aux autres joueurs. Il en est de même à Cibao parce que je fais partie des joueurs
les mieux payés de l’équipe.
ELP :
Avez-vous reçu de nouvelles offres ?
WMC : Disons que les choses sont assez difficiles. Dans le
football caribéen, on manque d’agents pour promouvoir les joueurs et c’est
également mon cas. Cependant, j’ai quand même reçu une offre d’une autre
formation mais puisque je me plais à Cibao,
je n’envisage pas de quitter
l’équipe maintenant.
ELP :
Etes-vous à l’aise avec l’espagnol ?
WMC : En réalité, je me débrouille assez bien. J’avais déjà les
bases et en plus de cela, j’ai rencontré des coéquipiers haïtiens qui étaient
plus habiles que moi, ce qui m’a permis de m’y familiariser et d’apprendre plus
facilement. Au début, j’avais un traducteur pour m’aider mais au bout de 4
mois, j’en ai plus eu besoin. Toutefois, cela ne veut pas dire que je peux
tenir une conversation sans commettre la moindre erreur.
ELP :
Pensez-vous que votre transfert soit un succès ?
WMC : J’ai un contrat de 3 ans avec Cibao qui s’achèvera dans 1
an environ. J’ai déjà totalisé 10 goals cette saison ! J’ai été aussi le meilleur
buteur de l’équipe. On a gagné un championnat caribéen et par la suite notre
billet pour participer au Concacaf, ce qui a été assez inattendu compte tenu de
la multitude des équipes venant de divers pays.
ELP :
Selon vous, quelle est la plus grande difficulté rencontrée par les
footballeurs ? Cela vous est-il déjà arrivé ?
WMC : Selon moi, les blessures sont le plus grand fléau des
footballeurs. Une blessure qui empêche de jouer pendant des mois est la plus
grande difficulté pour eux. Personnellement, cela ne m’est encore jamais
arrivé. J’ai eu des blessures mais au bout d’une semaine, j’étais opérationnel.
Et jusqu'à maintenant, je n’ai pas encore rencontré de grandes difficultés au
foot.
ELP :
Vous êtes fan de quel joueur, en particulier ?
WMC : J’admire beaucoup Cristiano Ronaldo et j’aime son style
de jeu. J’apprécie également celui de Neymar. D’ailleurs, j’apprends d’eux pour
améliorer ma technique.
© Ejymson VALMIR
Email: vejymson@gmail.com
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