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« Baboukèt », un autre pari gagné par CapArt

Depuis leur création en novembre 2015, cette jeune troupe de théâtre n'a pas cessé de nous surprendre avec des prestations de plus en plus remarquables. Après "Kanson fè" en 2015, "Chefs en jupons" en 2016, et "Notre Père" en novembre 2017, ce 30 décembre, CapArt nous a gâtés en nous offrant Baboukèt pour clôturer l'année. Avec un fond de scène sombre à l'image de la société de l'époque, le décor incroyablement planté nous fait remonter dans le temps, dans les années 60, en pleine dictature de Papa Doc.

En effet, la pièce porte bien son nom. Le culte du silence prononcé qui sévissait y est parfaitement présenté. La parole, la vraie, était vraiment enfouie au fond des gosiers de la population. Les personnages ne sont pas inconnus. La pléiade d'artistes incarnait de vieilles familles conservatrices et fières qui refusent d'accepter le progrès, de jeunes qui s'opposent perpétuellement aux plus vieux, de femmes et d'hommes rêvant d'un meilleur pays et de servantes qui insupportent tout le monde mais dont personne ne peut s'en passer.

Les thèmes non plus n'étaient pas étrangers. Le tableau offert était une parfaite caricature socio-culturelle de l'époque. On y trouvait la surprotection des mères envers leur fils, les rivalités entre belle-mère et belle-fille, la passivité des femmes dans la société, la peur presque palpable de la population face aux dictateurs, la soif de justice de certains, la résignation des autres pour ne citer que ceux-là.

Baboukèt que nous ont servi les CapArtistes est un mélange de mise en scène de chants et de danses, magnifiquement orchestrés avec une harmonie frisant la perfection. Ce refrain: "Baboukèt o! Baboukèt o! Nou paka ret bwa kwaze, se zafè n, se poun pale! Bouch nou pap brid o!" chanté par les jeunes révolutionnaires, restera longtemps sur les lèvres des spectateurs tant par la vigueur des paroles que par la musicalité avec laquelle il avait été entamé.

D'une scène à une autre, le public ébahi et attentif s'amuse de quelques répliques des acteurs. Tel fut le cas pour celle de Madame Valet: "Ma femme avait raison. Qui a déjà entendu meilleure mélodie. Qui a déjà entendu meilleure chanson?" Ou encore celle du Général La, l'un des sbires du président dictateurs: "Menm manman m mouri nan akouchman paske l te pale mal de prezidan".

La coordonnatrice de CapArt et à la fois metteure en scène, Schebna Bazile a travaillé de façon à ce que son chef-d'œuvre reste dans les mémoires. Nul ne pourra prétendre avoir été à Baboukèt sans avoir en tête les vociférations de la servante Nadette ni de l'élégance calculée de Madame Valet. S'il y a quelque chose dont tout le monde est certainement sûr à présent c'est que la réputation de CapArt n'est plus à faire. C'est juste une expérience à ne plus manquer pour ceux qui l'ignorent encore et un acte à renouveler sans cesse pour les habitués.

Auteur: Saint-Hubert Jean Reynald
©Entre Les Pages

1 commentaire:
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  1. Effectivement, la réputation de ce groupe de jeune n'est plus à faire, ils sont extraordinaires.

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