Une discussion autour du thème
« marginalités, inégalités et exclusions sociales »
Cela
fait déjà trois mois depuis que deux organisations formées de jeunes avisés
(Entre Les Pages et Société du Samedi Soir) dans la ville du Cap-Haitien ont
conçu un programme afin d’encourager la réflexion et de promouvoir la culture.
Auquel, ils ont attribué un concept aussi attrayant que captivant. Le programme
s`intitule DimLi (dimanche du livre), et si je voulais lui coller une définition
simpliste, je prêterais les mots de Ryjnov REMY pour dire que c`est un espace
de dialogue et d`échanges autour des livres ; ou encore une rencontre
inter-générationnelle, réalisée un dimanche par mois dans un bar.
Ainsi, ce dimanche 25 février la ville a été témoin d’une
discussion autour du thème « marginalités, inégalités et exclusions
sociales », ayant pour cible femme, masse, école, handicapé et religion,
pour essayer de comprendre ces choses qui sont devenues pour nous, en Haïti, une
réalité. C’est dans ce même contexte, que Ryjnov, modérateur de circonstance a
essayé de montrer comment l’exclusion sociale
pourrait devenir volontaire, dans sa première approche, en même temps la
première pierre de la séance.
Cela aurait pu être le centre du débat, si ce n’était
le point de vue de Gregory CLERVAUX étudiant en sociologie, qui en se basant
sur le livre du professeur Geraldo Saint Armand La tyrannie de l’insouciance, accuse l’État de comploter pour
maintenir les marginalités, les inégalités et les exclusions sociales dans le
pays ; un État au service de l’élite économique (qui a toujours voulu se démarquer
de la masse), et qui a répondu à ses attentes depuis plus de deux siècles, au cours
desquels, il s’est engagé à protéger ses intérêts… d’où cette remise en
question, qui s’imposait dans la soirée et intensifiait le débat « l’État haïtien,
est-il vraiment faible, comme la plupart le croient? ». Et, c’est avec surprise
qu’on a vu surgir des réponses affirmatives et bien argumentées, tout en se
basant sur des faits se rapportant à la question. Une des approches plus
intéressantes est la façon dont on a voulu montrer la capacité de l’État pour répondre
aux obligations auxquelles il s’est prétendument engagé en réalité, et de résister
aux pressions de la masse, soulèvement après soulèvement depuis…
DimLi, est devenu de plus en plus surprenant, et ceci
à chaque séance. En plus d’être un espace, où l’on pénètre dans des sujets plus
ou moins négligés, c’est aussi un lieu de détente. Avec une bouteille de bière,
d’eau ou une glace à la main, on peut rencontrer, connaitre et apprécier des
contemporains poètes, chanteurs, slameurs et autres dans des performances
épatantes. Ce dimanche, c’est Denis ST-THERMO, un humoriste digne du titre, qui
a eu l’honneur de déconcentrer et faire rigoler chacun au milieu du débat dans
un numéro intitulé « on est tous les mêmes » qui était en cohésion avec le thème. On a non seulement rit mais
aussi trouvé des phrases qui font
beaucoup réfléchir.
Dans une société, où marginalités, inégalités et
exclusions sont en vogue, et condamnent les individus dans de positions trop
peu confortables pour subsister, cette discussion a été une sorte d’exploration
des recoins les plus obscurs ; disons les causes et les conséquences les
moins évidentes...DimLi, n’est-ce pas une bonne manière aux jeunes de se
montrer engagés dans la lutte pour le développement intellectuel dans le pays? En
tous cas, c’est un modèle qui vaut la peine d’être promu et si l’on veut bien,
d’être imité, bref ! Faut dire qu’à DimLi il n’y a pas de public assistant,
inactif…et, pas de marginalités ou d’exclusions dans la façon dont on octroie
la parole; une fois l’espace pénétré, on
peut être acteur à volonté.
Jodelyn DEUS
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