Alors que le pays s'enfonce de plus en plus dans un
obscur et amer climat d'existence conditionnant sa sombre survie, les regards
et pensées pessimistes autour de son avenir incertain en valent vraiment la
peine, vu que chacun doit encore continuer à remuer ciel et terre pour résister
aux lourds fardeaux quotidiens que nous impose la rude et brûlante réalité
socio-économique.
Prévue pour le premier Lundi de Septembre, la rentrée
scolaire pour l'année académique 2018-2019 dessine déjà une humeur désespérante sur le visage de beaucoup de parents, d'élèves, voire de
professeurs. À cause de la précarité économique, maints parents voient cette
rentrée comme une utopie. La misère, la hausse des prix des produits, des frais
d'écolage exagérés, les embarras pécuniaires et tant d'autres motifs viennent
s'ajouter aux tristes affirmations, témoignages et cris de ces victimes de
l'instabilité du système en place et de la coupable irresponsabilité de nos
acteurs politiques, nos élus, nos dirigeants ; en d'autres termes, de nos
représentants.
Ayant pour la plupart une famille de plus de deux enfants
à gérer, et que parfois le mieux à faire est de sacrifier quelques-uns,
« fè yo fè ane a chita » (c'est-à-dire, de les obliger à rater
l'année scolaire ), afin qu'un ou deux d'entre eux puissent obtenir la chance
de s'y rendre, vu les faibles revenus dont disposent ces parents ; ces derniers
attendent toujours que les supports promis par l'État, comme les subventions et
la distribution de Kits scolaires, soient effectifs et effectués dans des
délais plus ou moins accélérés; quoique
bien d'autres demeurent plutôt sceptiques sur ce sujet car, d'après eux, l'État
ne fait que les tourner en rond, annuellement, comme à son habitude, et que les
programmes d'aide mis en place se transforment le plus souvent en une forme
discrète et précoce de campagne électorale dont profitent sénateurs, députés et
aspirants candidats à des postes communaux, pour ne citer que ceux-là.
Ne pouvant s'efforcer de cacher leur mécontentement et
leur désespoir, ils se résignent à confier leurs doléances partout ils passent,
à des amis et même à des inconnus attentifs, bien que cela ne changera rien à
leur situation, car c'est tout un chacun qui se plaint de la rudesse de la vie.
Que dire de ceux dont la routine se réduit à la ma mendicité même?
« J'ai quatre enfants dont un bébé de sept mois que
j'allaite, mon mari n'a actuellement pas de travail. Que puis-je faire? L'école
frappe déjà à nos portes, non? Et j'ai même pas encore pris le bulletin de ma
fille aînée [...]. À chaque fois que j'y pense, c'est comme si un poignard me
perçait les entrailles. C'est pénible pour nous ; rester ici ne nous arrangera
rien. La vie dans ce pays est un enfer pour beaucoup, comme pour nous. Parfois
on se dit que partir ailleurs, soit en république voisine, serait mieux. Mais
nous avons peur d'y être maltraités, alors nous persévérons ici... »
lamentait une jeune marchande de friperie, à l'idée d'envoyer ses enfants à
l'école cette année-ci.
En ce qui concerne les élèves, les incertitudes de
certains se traduisent parfois en pur pessimisme. Comme d'habitude, la très
grande majorité d'entre eux ne reprendront pas le chemin de l'école le jour
même de sa réouverture. Pas encore de livres, de chaussures, de fournitures
adéquates et même d'uniformes sont des causes de préparations avortées qui
viennent aggraver la donne et s'accumuler ainsi sur tant d'autres, telles : bulletin
scolaire pas encore récupéré à cause d'un reliquat dû et frais de réinscription
non payés. En outre, avec cette affaire de « Nouveau Secondaire » qui
devient un centre de profit dans certains établissements et dont les directeurs
ou responsables s'en servent pour se remplir grassement les poches, de nombreux
élèves se plaignent encore plus des malheureuses contrariétés que cela apporte
à débuter la scolarité à la date prévue.
C'est le cas de Benjamin (1), âgé de
vingt ans et promu en Secondaire 2 : « Mon directeur a voulu que tout
élève de ce nouveau cycle n'ayant pas eu le total ou la moyenne au dernier
trimestre payent deux mille (2000)
gourdes pour la remédiation, et garantir ainsi sa place. Étonnamment, trois
quarts (3/4) de nous (de S1 à la S3) se sont vus confrontés à cette
éventualité. C'est pas juste! Moi, j'ai eu la moyenne aux deux premiers
trimestres, et je suis confiant d'avoir bien composé à ce dernier...Eux, ils
font tout pour soutirer de l'argent...[...]. Avec leurs semaines de réévaluation,
mes petites activités de gain ont été handicapées. Je me débrouille seul, en quelque sorte. De ce
fait, je pense être capable de rejoindre l'école qu'en début d'Octobre... »,
se plaignent t-il.
Bien qu'évidemment certaines écoles congréganistes et
quelques écoles privées ouvriront impérativement leurs portes à la date fixée,
d'autres se trouveront impliquées dans des complications d'ordre interne et externe
au cours même de l'année académique. Par là, allusion est faite aux employés du
secteur public qui n'ont pas encore reçus leur salaire, aux professeurs non
nommés et/ou non payés qui continueront peut-être à protester si l'État, de son
côté, reste sourd et aphone à cet égard. Mais avant tout, il faut que l'État
comprenne que les enseignants sont des parents, donc des responsables de
foyers, et que tout travail concerté effectué sans être obligatoirement rémunéré
devient exploitation et irrespect de la personne en soi et de ses droits.
Après une année scolaire (2017-2018) mouvementée et
instable, et avec des doléances encore insatisfaites, peut-on espérer une
nouvelle année dans toutes ses bonnes et vives couleurs? Ou alors, devons-nous
nous attendre à ce que les fortes agitations tournant toujours au détriment des
élèves qui doivent malheureusement passer des jours blancs (sans profs, sans
cours), pilotées par des enseignants mécontents, poursuivent de plus belle leur
chemin?
L'éducation est la clé du succès, du développement et du
progrès. Comment espérer un avenir meilleur si notre système éducatif est
délabré, rempli de charlatans et d'imposteurs, et que l'éducation n'est pas
pour nos dirigeants une priorité sociale?
Face à un tel système éducatif et une telle précarité
économique, parents et enseignants doivent faire des sacrifices énormes pour
garantir au mieux cette nouvelle année scolaire qui s'annonce déjà, afin que
les enfants, l'espoir de demain, puissent accéder à une éducation de bonne qualité.
L'État en a aussi son grand rôle à jouer puisqu'il est majoritairement
responsable de cette triste situation.
1- Droit
de l’anonymat
Par : AZOR Hoang-Nghi
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Congratulation bro
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