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PetroCaribe : La journée du 17 vécue sous tensions à Cap-Haïtien




                                                      Le Cap, vers une autre marche 

Le jour tant attendu est arrivé. 17 octobre : soulèvement général ou une autre marche pacifique ? Le mouvement PetroCaribe entamé depuis 2 mois sur les réseaux sociaux continue de faire son chemin, ça annonce une autre tournure. Prudence est de mise. Le pays est sur ses gardes. La population retient son souffle. Des individus non identifiés ont semé la terreur en incendiant dans la commune de Milot des matériels de la Direction départementale Nord du MTPTC dans la soirée du 16 octobre, la même qu’une note circulait, sur les réseaux sociaux, signée par l’actuel délégué de ville (Cap-Haitien), Antonio jules, faisant croire des manifestants seront arrêtés et emprisonnés. Les rumeurs et les faits continuent de faire leur chemin. Non à la violence, déclarent les petro-challengers. Pourtant cela ne rassure pas.

Il est 10h du matin et quelque chose ne va pas. Les gens comparent la journée du 17 octobre au 1er janvier. Les activités sont paralysées. Les tap-tap brillent par leur absence. Les gens doivent se rendre en ville, ils ont rendez-vous ce matin. Pour ce faire, ils n’ont pas le choix que de payer un taxi. A l’entrée Est de la ville, on remarque quelques riverains se tenir sur le seuil de leur porte. Visiblement apeurés. D’autres, se mettent en petits groupes. Les commentaires fusent de partout. « Bay blan peyi a », fulmine une jeune dame frisant la trentaine. Autre symbole? Le drapeau rouge et noir est exhibé à la vue de tous.

11h, la mobilisation gagne en plus grand nombre comparativement à celles organisées précédemment. Les manifestants, munis de T-shirt imprimés du slogan Kot kòb petro karibe a ? (où est passé l’argent du Petro Caribe), se dirigent vers SHADA. « Dechoukay la poko fini, lajan Petwo a poko remèt » chantent-ils. C’est parti.

Début des violences : Les habitants de SHADA accusés


Les manifestants, victimes de jets de pierre en arpentant la zone, accusent les habitants de SHADA. Tout porte à croire que c’est le fruit d’une manipulation de la part de quelques individus haut placés. Selon eux, les compatriotes de SHADA vivant dans une condition déplorable d’ailleurs devraient se rallier à une telle cause, le PetroCaribe Challenge. Révoltés, quelques internautes n’ont pas caché leur mécontentement. « Ki lè n ap sispann kanpe anfas moun ki sanble ak nou ? » « Poukisa nèg nan SHADDA tire sou manifestan (Malgre prezans Lapolis) ? ».  Les policiers ont riposté par la suite en lançant quelques bombonnes de gaz lacrymogène dans la foule précisément à Konasa. A noter des dégâts ont été constatés à la rue 3 G, des échauffourées avec les forces de l’ordre à la rue 19 L, rue 2 A et F, des pneus enflammés à la rue 21 L ainsi qu’à carrefour Petit-Anse. La délégation a aussi subi des dommages. Bilan partiel : environ 5 personnes ont été blessés et dont un homme autour de la trentaine, touché par balle à la jambe gauche.



 Le mouvement, politisé ?

D’aucuns croient fermement que cette marche n’a pas été l’œuvre uniquement des Petro Challengers. D’autres tendances, de la couche dite « traditionnelle », ont aussi foulé le macadam ce 17 octobre. C’est plus qu’une reddition de compte. Mais le renversement d’un gouvernement. « Jovenel Moise doit céder les rênes du pays », déclare un manifestant. Le chef de l’Etat, tout en faisant son allocution à Marchand Dessalines, craignant probablement une quelconque manipulation du mouvement, a fait une déclaration pour le moins étonnante: « Les coupables et les voleurs ne doivent pas être dans les rues », « Le procès du PetroCaribe ne sera pas comme le procès de la consolidation. Je m’y engage. Ce procès sera fait sans parti pris ». Des propos difficilement rassurants. La volonté de garder les hommes politique hors du mouvement s’avère difficile. Le sénateur Youri Latortue se voit décrié sur les réseaux. Une photo de lui devient virale. On le voit brandir sa pancarte marquée : Kot kòb petro karibe a ? Dans la 2eme ville du pays, la tête d’Antonio jules est réclamée. Se bat-on contre la corruption ou contre un gouvernement ? Il reste quand même à savoir.  

Cap-Haitien, marche réussie ?


Le parcours, s’arrêtant devant la délégation, n’a visiblement pas terminé. Un challenger, interrogé sur ce point croit que, oui, c’est une réussite « malgré les nombreuses intimidations subies par  la population, celle-ci a été mieux informée cette fois », dit-il calmement. Il est vrai que la peur n’a pas eu raison des manifestants.



Quel avenir pour le PetroCaribe Challenge ?

On ne sait pas encore mais l’avenir du pays en dépend. Jovenel Moise aura-t-il l’étoffe d’un Nord Alexis pour redresser la barre, consolider le pays ou le plongera t-il dans de nouveaux chaos ? L’instabilité est chronique depuis quelques années. La dépréciation de la Gourde face au dollar s’accélère, sa valeur est pour le moment en chute libre. Le pays a 5 problèmes majeurs : Corruption, Corruption, Corruption, Corruption, Corruption, a martelé le président. Saura t-il éradiquer ce virus qui gangrène le pays ? Jean Henry Céant, nouveau PM installé à la tête du pays après le départ théâtral de Jacques Guy Lafontant, apportera t-il la potion magique ? La solution à tous nos maux ? Un coup de maitre sorti sous son chapeau? On n’est pas dans un film, difficile d’y croire. On n’est pas censé non plus oublier que le pays est encore sous de graves menaces sismiques. D’aucuns espèrent l’aide « primordiale » de la communauté internationale jusqu'à présent réticente à intervenir d’une manière satisfaisante. Un audit général et crédible est exigé. Janvier 2019 est la limite. Sera t-on témoin d’un grand soulèvement populaire ? Entretemps, on s’engage dans une course folle contre la montre. Une autre date phare nous attend : 18 novembre. Le Challenge se dresse maintenant contre nous.

Auteur : Djedly François JOSEPH

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