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Quand l'amour s'oppose à la raison




Lucie et moi nous nous étions mis d'accord et jurés de s'aimer, il y a trois ans de cela. Tout allait bien, au départ. Arrivé à un moment donné dans notre relation, les choses ont commencé à changer ; on jouait mal, le jeu. Je sentais qu'elle me négligeait ; et moi, pour me parer à cela - ne pas me sentir seul, je sortais un peu le macho qui sommeillait en moi. Je draguais presque toutes les filles que je trouvais belle et couchais avec certaines d'entre elles. Et tout cela, crois-moi, n'a fait qu'aggraver les choses - Lucie déteste l'idée de se faire tromper, de plus, elle est dotée d'une fine perspicacité pour ne pas se faire avoir en ce sens.

...Elle m'a quitté. Depuis, je l'avoue, ça va mal, très mal. J’ai compris alors ce qu'elle représentait pour moi. Le mois dernier, j'ai décidé de faire taire mon orgueil et mettre fin à ma souffrance. Je l'ai appelée ; elle n'a pas voulu me parler, la première fois. J’ai insisté la deuxième fois jusqu'à ce qu'elle ait décidé d'entendre mes mots. Difficilement, j'ai obtenu rendez-vous dans un bar. J’étais très content à l'idée d'aller la revoir, lui parler et, qui sait encore ce qu'il pourrait y avoir comme surprise... Le jour venu, je m'y rendais, et comme j'étais le premier arrivé, j'ai ingurgité quelques verres, juste pour avoir l'esprit un peu boosté, car ce soir-là je voudrais mettre fin à mes maux. 15 minutes après, et voilà Lucie qui arrive - un peu en retard certes, mais je m'en foutais, elle était là, c'est ce qui comptait, et j'étais persuadé que j’allais avoir ma chance.

Alors qu’elle s’amène, j’ai pris le temps de la dévorer des yeux. Sa beauté est sincère, sa face bronzée est ornée de beaux cheveux, ayant un aspect tendre sans effet de cosmétique. Ses yeux sont comme deux soleils qui illuminent et moi qui croyais qu’on était au beau milieu de la journée ! Mon cœur  a voulu sortir de ma poitrine, à ce moment-là. Comme au premier jour, je suis amoureux de Lucie. On a commencé à discuter, elle savait très bien ce que je voulais et s'y était préparée, d'ailleurs elle était la première à toucher le sujet, lorsqu’elle m’a demandé: «pourquoi je voulais la voir?» Et là, j'ai changé de ton en la racontant mes péripéties dues à son absence, pour enfin lui dire, sans tarder, que je veux qu'elle me revienne.

Lucie m'aime bien, je l'ai vu dans ses yeux. Mais, elle a souffert ; humiliée à cause de moi, elle ne voulait pas revivre ça. Je l’ai su lorsqu'elle m'a regardé droit dans les yeux pour me poser une question à laquelle je pourrais jamais répondre, aucun amoureux non plus, aussi fou soit-il...juste pour m'esquiver et éviter le débat. Pourquoi tu m'aimes ? Et y ajoutait, vient me voir lorsque tu trouveras la réponse. J'étais là, assis, figé ne sachant quoi dire; elle avait un air sérieux, très sérieux.

*
Lucie s'est retirée, et moi qui suis resté là, sur la table ne sachant quel pied lever en premier ou pas. Et, je me suis mis à penser espérant trouver une réponse adéquate à cette question, comme si ma vie en dépendait. Je voudrais être le plus rationnel que possible, parce que vu la tête de Lucie je crois que je dois me préparer à donner des preuves comme un physicien.
Je me perds follement dans mes réflexions:
Comment oser vouloir étudier l'amour comme un scientifique, bon sang ! Qu'est-ce-que je raconte, je pense comme si j'avais le choix. Tiens-toi droite, ma tête, on y va.... D'abord, je dois m'y adhérer à l'idée qu'il n'est même pas facile de le définir, d'ailleurs, ce n'est même pas la peine d'essayer. Je ne vois en quoi sa définition me serait utile, en ce sens.

- Je dois faire une réflexion impersonnelle, générale, me dis-je. Et, je recommence :
Nous pouvons le ressentir ; nous le sentons tout le temps. Quelque fois il rend bizarre, certains disent qu'il peut rendre fou. Pratiquement, il rend jaloux - on veut que l’être aime nous appartienne. Quand on n’arrive pas à conquérir son cœur, on est insatisfait, et privé de plaisir… psychologiquement ça ne va pas, biologiquement non plus. Les neuropsychologues nous parle de dopamine, une hormone qui est responsable de faire sentir le plaisir - quand on ne peut trouver le plaisir, ceci est l’effet d’un problème de réception et de libération de cet hormone au niveau du cerveau, l’information ne peut donc passer de neurones en neurones, pour faire sentir cette jouissance dans tout notre être.

L'amour nous rend tout simplement différent, c’est sûr ; quand il s'agit de l'être aimé, on ne voit, la plupart du temps, que ce qu'il y a de bon, pour le reste on est aveuglé, quand on nous en parle, on est même prêt à faire un coup de gueule. Il (l'amour) nous rend capable du pire des choses, les meilleurs aussi; celui qui ne peut tuer une mouche peut abattre un homme par jalousie. Il affaiblit quelques fois nos capacités, nos facultés. On dit fréquemment qu’il est plus facile de concrétiser une fille qu’on aime pas trop, qu'une autre qu'on aime beaucoup ou trop - cela rend timide, et peut-être trop prudent, et ceux-ci réduisent la chance de pouvoir séduire. L'amour, c’est évident, fait un puissant effet au niveau de la cognition.

Trouver l'être aimé, le Conquérir, c'est réduire tous effets néfastes dont l’amour est capable et de diminuer le sentiment de frustration qui surgit depuis qu'on est tombé amoureux. En amour on crée toujours des problèmes, même quand il n'y en a pas - on est toujours sur ses gardes.
On chante, on dance, on déclame, on cri, on pleure...on exprime d'une manière ou d'une autre pour pouvoir conquérir le cœur de l'autre, mais pourquoi tout ça, qu’est-ce qu’on veut trouver ou qu’est-ce qu’il y a à éviter? La frustration, la peur de se sentir mal, qui sait ! On n’a pas choisi de tomber amoureux, cependant on doit assumer quand on l’est.

Je poursuis, dans mes réflexions :
L'amour est l'unique chose, qui nous invite à répondre à un besoins, nous satisfaire tout en réduisant l’influence de notre grossier égo. On ne peut aimer tout en restant comme un parfait égoïste, il faut partager ; donner à l'autre sinon il ou elle s'en apercevra, et par conséquent fuira...pour éviter le fait d'être abandonné, il faut donner un peu voir beaucoup. En amour, on étouffe l'égo et la réciprocité rentre en jeux, elle est le conciliateur - elle donne ses lois, quand elle se tait, il est facile de voir l'effet – le bonheur meurt l'entement... Quand notre égo est purifié de sa malveillance l'amour devient presque parfait, on peut voir, à ce moment, l'une ou l'autre amant trouve joie lorsque l'être aimait l'est, ceci va très loin, on arrive même à tout faire pour plaire à l'autre, car ceci procure du plaisir.

L'amour de soi est d’abord ce qui donne sens à l'amour de l’autre, il motive ; il nous pousse à trouver réponse à notre frustration - nous pousse à chasser la douleur, car ne pas avoir l'être aimé, cela blesse et détruit peu à peu. Quand on aime plus une personne, plus la peine de lui faire la cour ou lui plaire vu que son absence ne défavorise plus.

Faut éviter le mal qui peut surgir de ce qu’on n’a pas choisi (tomber amoureux). Quelque fois on se dit «je ne veux plus aimer», mais comment l'éviter...il est toujours là et apparaît quand il veut, et c'est à nous de nous en charger, soit on la réprime ou, faire le deal : s'aimer réciproquement. On aime parce qu'on s'aime d'abord. L’amour de l'autre confirme cette amour de soi, car on répond à une nécessité : celle d'être aimé par quelqu’un, celui qu'on aime…

- Oh merde! Je dois fermer la porte. Je ne sais même quand je suis rentré chez moi, et j'ai même oublié de fermer la porte alors qu'il est déjà une heure du matin.
Puis, je me suis allongé et me plonge encore...
Conquérir et aimer une personne que l’on désir parce qu’on veut se faire plaisir, c’est ce qu’il y a de rationnel  ou peut-être la logique fondamentale de l’amour. Il est de notre devoir de le montrer à l'autre, mais ne faut surtout pas essayer de la démontrer avec une quelconque logique, car ceci est susceptible de tout gâcher. Même s’il est possible de prouver pourquoi on aime, quoique tout est logique, issu d’un juste raisonnement on doit tout receler pour que l’amour ne se retire pas car il déteste le raisonnement, il veut même l’éliminer pour en faire venir une autre…mais elle reste, bien que la logique primaire est détestée par l’amour, elle la permet quand même d'exister et la donne sens, car elle est sortie d’un principe vital (l’amour de soi), même si elle est transparente et imperceptible.
- Mais, je dirais jamais toutes ces choses à Lucie, ce serait fou de ma part de le faire.
Je continue ma réflexion :
Il y a une autre logique qui s’élève dans le fait d’aimer. Celle-ci semble plus fort, plus acceptable, mais pas trop honnête, plutôt bon hypocrite, il protège l'amour, ne le ruine surtout pas : on évite de faire sortir son amour propre quand on veut faire comprendre à quelqu’un «pourquoi on l’aime ?»
Il était sept h. quand je me suis réveillé ; la tête lourde comme du plomb. Le téléphone était par terre, il sonna  et j’ai décroché sans regarder l'écran.
- Bonjour, qui est à l'appareil ?
- C'est moi, Lucie, t'as oublié mon numéro ?
- J'ai pas regardé.
- Comment tu vas?
- Mal, tu penses que je pourrais être autrement.
- Non, je sais, moi aussi. On peut se voir, dans le même bar, ce soir à huit heures.
- Oui, oui.
Et Lucie a raccroché après m'avoir dit : je crois tu m'as assez manqué...



Jodelyn DEUS

deusjodelyn@gmail.com

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