+(509) 4786 3169

+(509) 4786 3746

Haïti nécessite une nouvelle forme de communication politique


Au moment où la société haïtienne subit une politisation intense des phénomènes sociaux, il est nécessaire que les acteurs politiques, élus ou activistes, adoptent d’autres stratégies de communication politique leur permettant de mieux convaincre l’opinion publique.

En effet, constats faits des dernières joutes électorales ayant reconduit les « tèt kale » au pourvoir, le peuple haïtien, débordé par la nouvelle technologie- plus particulièrement les réseaux sociaux- semble désormais s'intéresser à ce qui se passe dans la sphère politique : plus que jamais, les décisions politiques sont suivies de tous, les déclarations ne concernent plus seulement les medias. Même dans les endroits les plus éloignés, les informations arrivent automatiquement et lues par plus d’un. De plus, mis à part ce constat, beaucoup plus de gens, majoritairement jeunes, s'intéressent aux postes électifs et se croient capable d'y arriver. Cet idéal plus ou moins réalisable les motive à porter une attention soutenue sur les manœuvres des gouvernants. C’est-à-dire, ils sont enclins à se prononcer sur les décisions et les politiques de l’état. Les différentes objections soulevées par différents secteurs de la société sur des sujets sensibles- dont PETRO CARIBE- est un exemple probant de la nécessité d’une nouvelle forme de communication, ou tout simplement d’un autre langage politique en Haïti.

Inévitablement, ce langage que la configuration exige doit commencer par le respect de l’opinion. C’est-à-dire le langage de la communication politique doit être avant tout celui du questionnement, de la comparaison des possibles et non celui des fausses promesses. Les acteurs politiques doivent informer le peuple au lieu de l'induire en erreur. Ainsi, les citoyens pourront faire la part des choses. Loin du respect de ce principe, comme l’écrit OLIVIER ABEL : « le gouvernement dans chaque action entreprise, s’entrave lui-même ».

En effet, la réalité politique haïtienne actuelle laisse concevoir ce non respect de la parole. Pour ainsi dire, les promesses qui ont été faites au cours des dernières périodes électorales semblent n’avoir pris en compte les conditions de leurs réalisations, sinon qu’elles n’aient été que des propagandes ou des promesses électoralistes. Caravane, électricité 24/24, la relance de la production agricole, la lutte contre la corruption et l'impunité, le renforcement institutionnel, la réduction du train de vie de l'État; sont autant de manifestations traduisant la discordance entre les discours de campagne et la réalité.
En ce sens,  chaque action est une échappatoire, une cachette ou le gouvernement donne l’impression de travailler, mais que les conditions sociales démentent à chaque fois.

Deuxièmement, ce langage doit primer le dialogue sur le discours puisque : « un dialogue franc nous représenterait mieux que tout discours officiel. Sachant que ce dialogue doit être toujours caractérisé par le respect de l'opinion contraire, on pourra mieux comprendre l'interlocuteur au lieu de le voir comme un adversaire seulement capable de mentir, de tuer, de paniquer, de nuire, d’obstruer ; mais de savoir qu’il est aussi capable de la vérité, de reconnaitre qu’au delà des reproches, l’adversaire est aussi capable de bien et du bon.

Entre autre, le dialogue politique doit désormais se baser sur des problèmes d'intérêts publics et non seulement l’intérêt du pouvoir. Ceci doit se faire parce que quelque chose ne marche pas au sein de la société. Il ne doit plus être axé sur la prise du pouvoir mais fondé sur des intérêts nationaux, un des aspects les plus importants. Il faut que chacun puisse participer aux échanges qui émanent de nos différends tout en prêtant attention à ce que disent les intervenants. Et aussi, ce dialogue doit partir d’un désaccord, il ne doit pas se tenir sur quelque chose dont on connait déjà la réponse, comme si on connait tout ce que l’adversaire peut dire et qu’il ne faut même pas l’écouter.

Le dialogue politique que nous insinuons ici est un privilège où nous pouvons traiter les désaccords, pourqu’au final, chacun puisse apporter une solution aux problèmes posés. L'un des plus grands problèmes de notre société c'est que l’affrontement remplace l'échange et l’orgueil se substitue à l’écoute. Nous notons à cet effet, les soulèvements de différents secteurs : grève des ouvriers, des juges, des greffiers, des professeurs, sans noter les manifestations populaires qui sévissent à Port-au-Prince.

Tout ceci est pour dire que le langage politique en Haïti, pour qu’il soit efficace, doit prendre en compte le contraste politique haïtien tel qu’il se présente aujourd’hui dans sa double dimension, à la fois psychologique et sociétale. Les mots qu’utilisent les acteurs politiques, les discours véhiculés par les élus et les opposants, les images que nous projetons dans les champs politiques en Haïti, doivent aller dans le sens de l’amélioration du bien commun, de l’intérêt collectif et surtout, ils doivent être rationnels et fondés.

Le dialogue doit avoir une place privilégiée dans la résolution des conflits. Pouvoir et opposition doivent pouvoir s’asseoir autour d’une même table. Toutes ces conditions réunies constituent le nouveau langage, si ce n’est que la nouvelle forme de communication politique que nécessite Haïti.


Auteur : Bell Richemond 

Aucun commentaire:
Write comments

REJOIGNEZ NOTRE NEWSLETTER