Il y a ces jours où l’espoir nous éloigne, la faiblesse
nous empare et notre seule certitude, est la décrépitude. Il y a de ces
instants où nous nous regardons dans le miroir et avons honte de nous-mêmes. Car voir nos rêves bafoués,
nos projets gaspillés et notre avenir gâché pour avoir pris naissance dans ce
pays, n’est point gage de fierté. Il nous arrive parfois de perdre nos repères,
de nous battre contre nous-mêmes en recherchant notre bon sens au cœur du
chaos, à force que nous pensons à notre lendemain. En ces moments, nous voulons
partir loin de cette île avec l’espérance bienheureuse de connaître d’autres
cieux pleins d’opportunités nuancés d’abus et de discriminations.
Nous sommes cette génération d’après 1986, qui n’a pas
connu les atrocités de la dictature mais les externalités d’une démocratie
morbide chargée de mensonges et de fausses promesses.
Cette génération qui
est pillée, torturée, abusée, malmenée
et manipulée tant par les politiciens que par une frange de la classe
économique et à qui l’on veut faire croire que l’espoir n’existe qu’ailleurs.
Très jeune sur cette terre, nos
spectacles quotidiens sont les scènes
de violence de corruption, d’instabilité ,d’impunité et d’injustice à
tous les degrés de la société au point d’être devenu des faits normaux et
justes à nos yeux. Nous sommes étouffés dans l’œuf par une éducation atrophiée.
On nous enseigne l’individualisme, la comparaison, la compétition avec nous-même
sans penser que ces derniers conduiront soit vers notre chute collective, soit
vers la jalousie, soit vers l’arrogance. Nous perdons nos valeurs ancestrales,
nous oublions le code d’honneur de préférer la pénurie dans la dignité au déshonneur dans
l’abondance.
En dépit de tout, il est certain que cette génération est
spéciale, et que nous sommes la bonne semence qui n’a pas encore trouvé son sol
fructueux. Les plus âgés ont seulement 32 ans et certains d’entre nous ont
sauté les barrières de la précarité et briser les chaînes de l’ignorance. Nous
avons plus de docteur, plus de scientifique et donc plus de jeunes éduqués dans
nos rangs. Nous devançons les autres par la technologie, les réseaux sociaux et l’ouverture d’esprit. Nous avons la connaissance, l’expérience
mais les seuls ingrédients qui manquent,
c’est l’union et la prise de conscience. Cette prise de conscience, c’est une
dette envers nous-même notre pays nos parents et nos enfants. Ainsi, il nous
revient à tous de prendre nos responsabilités envers cette terre au prix de
grand sacrifice.
En effet, c’est à notre génération de briser le cercle de
la misère et de la survie afin de maitriser notre destin comme le cavalier
maîtrise son cheval. Nous sommes tous coupables et responsables et nous serons
tous jugés dans la même proportion par les futurs fils et filles du pays.
Depuis trop longtemps, nous sommes restés les bras croisés sans rien dire, notre posture de spectateur laisse la place
aux rétrogrades et aux pantins pour nous dicter. Le devoir et l’honneur
frappent à notre porte aujourd’hui, respectivement celui de sauver cette
génération et celle de garder notre dignité comme peuple. Ce n’est plus l’heure
de laisser les tueurs d’avenir prendre le contrôle de nos actions contre la
corruption pour étancher leur soif de pouvoir. Il est donc temps de voir de
nouveaux acteurs, de nouveaux leaders avec de nouvelles stratégies sur
l’échiquier politique.
À tous les jeunes qui croient en un lendemain meilleur et
qui investissent leur temps, leur savoir et leur argent en Haïti, sachez que
votre effort n’est pas vain et certains d’entre nous marqueront l’histoire. Ce
texte est un appel à notre génération post 1986 pour nous inviter à plonger au plus profond de
nous-même et de remonter avec les solutions que nous attendions longtemps des
autres et que nous cherchions sans succès sous d’autres cieux.
Mikerly
Mistral Joseph
Rebrand
Haiti.
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