+(509) 4786 3169

+(509) 4786 3746

Roody Roodboy pris au piège de l'inconscience



 La bêtise insiste toujours écrivait Camus. Autrement dit, on peut essayer de la fuir mais elle revient à nos trousses et à ce moment on est surpris. On se surprend. En bêtisant, on finit par être un « bêtiseur ». Et la bêtise comme un fait naturel, chasse la et elle revient au galop. Parfois au moment où on s'attendait le moins. On peut tout de même s'excuser à chaque fois mais le fait est que la bêtise ne s'enlève pas aisément. C'est une tache ardue. La mémoire est parfois la seule chose qui puisse nous sauver de la déchéance humaine. On a honte parce qu'on se souvient. Sommes-nous amnésiques? Peut-être non, du moins nous le sommes pas tous. Il faut avant tout avoir une conscience.

Cette semaine le maitre-mot a été « inconscience ». Le merengue annoncé par Roody Roodboy, l'artiste chouchou des carnavaliers, sous le titre "San konsyans" se faisait attendre. Il n'allait pas avoir une langue de bois, celui-là. Il faut tout dire sans ambages. Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Attaquer les politiciens véreux, cette bourgeoisie de rente, l'Etat démophage et tous les inconscients. Sauf que le peuple, ah le peuple qui subit depuis longtemps une "violence structurale" de la part de l'Etat haïtien et les pays « amis », n'est pas sauvage. On a déjà été traité de tel par les occidents. À leurs yeux nous n'étions que des barbares, et oui, des sauvages. Nous avons brisé les jougs de l'esclavage au moyen de la révolte. Sommes-nous pour cela des sauvages? Sans pointer personne du doigt, il faut dire que l'on ne l'a jamais été. Il fallait déconstruire ce discours minimaliste et « animaliste » érigé sur les bases d'une quelconque civilisation par les Occidentaux. Et aujourd'hui nous avons une histoire, faudrait continuer à l'écrire. Pour ce faire, il nous faut l'action et le verbe, non contradictoires. Non reprendre le discours « barbare » des colons.

L'artiste qui déchire la toile avec ses chansons n'a pas su faire la différence. Après avoir été réprimandé, critiqué pour la claque donnée à Rutchelle, pour sa chanson "Lòbèy" jugée obscène, pour sa sortie monumentale, dû à un manque de culture selon plus d'un, à l'émission "Lekòl Lage" disant qu'Haïti a besoin les bras forts d'un Hitler, il a encore récidivé cette année. Oh la bêtise, que tu insistes. Du talent, il en a. Mais que peut le talent face à l'incohérence? Les internautes ont réagi avec fureur après la sortie de son merengue carnavalesque. A entendre l'artiste, on a du mal à saisir son message. Les parlementaires critiqués d'une part et Youri Latortue de réputation douteuse reçoit une chaleureuse salutation « Youri Latorrrrrtue » d'autre part. La malheureuse logique de ne pas mordre la main qui nous donne à manger se poursuit. Est-il lui-même incohérent, inconscient et surtout amnésique? Le caractère est plus important que le talent (Dany).

Pour certains, le champion en titre ne fait que dire la vérité. Nou (les sauvages) pa fè peyi a lèd vre??? Nous ne voulons tout simplement pas entendre la vérité a commenté un internaute. Des répliques s'ensuivent: Nou pa viv tankou moun, kòman n fè pou n pa sovaj? Tout bèt jennen mode. A une loi (un Etat criminel et inconscient) nul n'est tenu d'obéir. Le messager n’est pas digne pour porter le message. Il serait un opportuniste qui profite du carnaval pour augmenter sa popularité, c’est anormal, selon l’avis de Richard Senecal. Le messager n’est pas moins important que le message. Le choix des mots importe.

Roody Roodboy est une victime du système qui ne fait que manger ses fils et filles. Sa mère est morte sans pouvoir trouver les soins de santé nécessaires à temps. Conséquence des inconscients. Entre volonté de dénoncer, et la virulence des critiques, Roody Roodboy est pris au piège de l'inconscience. Sauvages? Faudrait-il rappeler que le royaume de la paix n'est pas aux paisibles (Dorismond)? Cependant, « San Konsyans » doit nous apprendre à manger la viande et à cracher les os.


Auteur: Djedly François JOSEPH 

Aucun commentaire:
Write comments

REJOIGNEZ NOTRE NEWSLETTER